La Ligue Professionnelle de football du Cameroun doit mériter son nom
● Maintenant que les lampions se sont éteints sur la première édition de ce qui, dans les faits, a été un autre championnat national de... [Lire la suite]
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19 Décembre 2011
● La première chose qui surprend après le verdict de la Commission d'homologation et de discipline, est l'attitude mesurée des Camerounais. Cette situation, où les avis sont quand même partagés, permet de mesurer combien la prise de galons de Samuel Eto'o au sein des Lions Indomptables est discutée et combien son entourage se fait complice de ses déboires actuels.
© Getty Images
Ce comportement pour le moins flamboyant a eu de quoi irriter plusieurs observateurs qui ont vite vu là une forme de corruption morale de ses coéquipiers. L'étalage de la réussite financière peut en soi être légitime, surtout quand on gagne honnêtement sa vie. Là où le bât blesse c'est quand on a l'impression que cela devient un pouvoir dont on se sert pour se donner le meilleur rôle, tout le temps.
Le statut de Samuel Eto'o comme capitaine des Lions Indomptables a été longuement expliqué comme une mauvaise décision des autorités sportives en raison du caractère particulier du garçon de New Bell. Il a été dénoncé maintes fois son penchant pour les intrigues en défaveur de ceux qui lui faisaient ombrage. On aurait vu sa main derrière les problèmes en sélection, de personnalités affirmées comme Patrick Mboma, Rigobert Song ou Alexandre Song. On l'a accusé de la mise à l'écart de talents comme Wome Nlend ou encore Achille Emana. En un mot, il en menait très large au sein de la tanière au point d'en donner de l'urticaire à ceux qui ne voulaient rien savoir de ses largesses ou qui n'en bénéficiaient pas.
Son comportement, à en croire le rapport de la commisision, lors de la fameuse mutinerie de Marrakech a eu pour résultat de conforter tous ces faits. Nous ne reviendrons pas danas les détails de la décision mais organiser des conférences téléphoniques pour régler un problème interne aux Lions Indomptables serait donner un peu trop de pouvoir au capitaine. Dans les faits, ses substituts auraient bien pu conclure les échanges sans nécessairement demander l'avis de Samuel Eto'o qui, au demeurant, n'est pas dépositaire du label Lion Indomptables. L'intransigeance avérée des généraux en second de l'équipe nationale a révélé combien leur commandant en chef a de l'influence sur eux.
Des indiscrétions nous indiquent cependant que l'incident de Marrakech n'est que la goutte d'eau qui a fait déborder un vase déjà plein à ras bord depuis le retour du Mondial 2010. Les approximations dans la gestion de la sélection nationale, le détournement des primes, les guerres d'influence et de personnalités devaient un jour ou l'autre pousser à l'écoeurement public. Mais la démarche de Samuel Eto'o dans sa volonté de revanche a-t-elle été mûrie ? Nous en doutons fort parce qu'il a certainement cru qu'en opérant de la sorte, il aurait mis les autorités à genoux.
Résultats des courses, le refus d'aller se produire à Alger a plutôt desservi le Cameroun et certains de ses intérêts. En misant sur sa fortune et sa notoriété, il a cru être intouchable et pensé crever un abcès. mal lui en a pris puisque la clique de Tsinga a mis toute la gomme et frappé dur. Personne autour de lui n'y a donc pas pensé ?
L'erreur majeure du capitaine des Lions est peut-être d'avoir cru qu'une masse de citoyens le suivrait et envahirait l'expace physique et virtuel du quotidien des Camerounais pour se rebeller. Sun Tzu, expert chinois de l'art de la guerre aurait certainement servi cette leçon à notre d'Artagnan national, autrefois familier des "baos" au Cameroun et aujourd'hui cassé en pleine lumière : "Si vos ennemis sont plus puissants et plus forts que vous, vous ne les attaquerez point, vous éviterez avec un grand soin ce qui peut conduire à un engagement général ; vous cacherez toujours avec une extrême attention l'état où vous vous trouverez. Il y aura des occasions où vous vous abaisserez, et d'autres où vous affecterez d'avoir peur. Vous feindrez quelquefois d'être faible afin que vos ennemis, ouvrant la porte à la présomption et à l'orgueil, viennent ou vous attaquer mal à propos, ou se laissent surprendre eux-mêmes et tailler en pièces honteusement. Vous ferez en sorte que ceux qui vous sont inférieurs ne puissent jamais pénétrer vos desseins. [...] Toute campagne guerrière doit être réglée sur le semblant ; feignez le désordre, ne manquez jamais d'offrir un appât à l'ennemi pour le leurrer, simulez l'infériorité pour encourager son arrogance, sachez attiser son courroux pour mieux le plonger dans la confusion : sa convoitise le lancera sur vous pour s'y briser".
L'autre problème chez Samuel Eto'o Fils, c'est qu'il est comme un livre ouvert, chaque page au vent. Il gagnerait certainement à s'entourer de moins de flagorneurs et s'assurer de pouvoir mener à terme certains de ses combats de manière triomphale. Or, depuis vendredi, plusieurs voix autorisées et surtout mesurées, ont dit des choses intéressantes. notamment Michel Kaham qui a affirmé à des confrères : "Je suis contre le boycott d'un match. Moi, si j'avais été à Marrakech, j'aurais oeuvré pour qu'on ne manque pas ce match [...] Il y a eu faute mais la sanction est trop lourde".
Puissent ses aviseurs refaire donc leurs devoirs.
Aimé Dipita (Douala)
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