La Ligue Professionnelle de football du Cameroun doit mériter son nom
● Maintenant que les lampions se sont éteints sur la première édition de ce qui, dans les faits, a été un autre championnat national de... [Lire la suite]
By A Web Design
17 Janvier 2012
● "La Ligue 1 française est plus physique et moins technique, car il y a plus d'Africains et moins de Sud-Américains". C'est l'extrait d'un entretien du nouvel entraîneur du Paris Saint-Germain publié par la Gazetta dello Sport ce mardi.
© Reuters
Pour botter en touche comme on dit en France, plusieurs ne trouvent meilleur moyen que de ramener sur le tapis "l'animalité" des Africains pour justifier l'injustifiable. La médiocrité des organisations sportives tient d'abord de la médiocrité des dirigeants. Ce qui se traduit par une banalité effarante dans le jugement qu'ils peuvent porter sur les faits.
Pour rappel donc, le sélectionneur de l'équipe de France, Laurent Blanc, trouvait, « qu'il y a trop de grands Noirs athlétiques et pas assez de petits Blancs qui ont l'intelligence du jeu dans le foot français». Il faudrait, poursuit-il, rompre avec un "stéréotype de joueurs", les "grands, costauds, puissants". "Et qu'est-ce qu'il y a comme grands, costauds, puissants ? Des Blacks. C'est comme ça. C'est un fait actuel.
Cette banalité banalise évidemment les propos que l'on tient jour et nuit dans les médias et qui sont pris pour paroles d'évangile par ceux qu'on a besoin d'amadouer pour se laver les mains et masquer ses propres turpitudes.
Cette fois, on ne parle pas de Blancs pour rendre la Ligue 1 française plus technique, mais de Sud-américains. Mais que sait donc Carlo Ancelotti des joueurs africains pour sortir une telle affirmation. Un regard lucide sur l'apport des Africains au championnat français fera rapidement comprendre à ce technicien intermittent qu'il a été et sera toujours de nature technique, même si on en ressort inlassablement le côté athlétique qui peut le caractériser.
Si les officines techniques se chargent généralement de faire des joueurs africains des baroudeurs, libre à elles et surtout à leur conscience parce que le choix de transformer par exemple un magicien comme Aurélien Chedjou en défenseur central à Lille, relève de la même obsession. Avec un physique comme le sien, on a plutôt affaire à un cerbère, et pourtant.
Notre collaborateur Khadim Ndiaye le rappelait dans une réplique aux propos de Laurent Blanc. "En clair : les Blacks (euphémisme pour ne pas dire « Noirs ») sont physiques et pas intelligents, les Blancs intelligents et pas physiques. L'équipe de France doit privilégier les seconds, à l'instar de l'Espagne qui n'a pas de « Blacks » et donc pas de « problèmes » de technicité dans le jeu. Cette distinction entres des « Noirs » athlétiques et des « Blancs » intelligents ne date pas d'aujourd'hui. Elle est ancienne et est liée à la croyance plus générale qui veut que les « Noirs » soient meilleurs au sport parce que plus proches de l'animalité."
On se souvient pourtant que les joueurs africains se sont toujours fait reprocher cette touche de fantaisie, cette technique qui les différenciait des "autres". Cette facilité gênait en fait les recruteurs qui ne surent heureusement pas freiner tous les élans. Voilà pourquoi, malgré toute la "rigueur" apportée à leur bagage, des Salif Keita, Roger Milla ou autres Abedi Pelé ont su donner un style "technique" à des équipes qui regorgeaient de maçons dans l'Hexagone.
La Ligue 1 française comme quelques autres championnats européens est peut-être physique et coincée parce que les formateurs et les entraîneurs le veulent ainsi. Il nous revient d'ailleurs que ce même Paris Saint-Germain que dirige Ancelotti aujourd'hui avait voulu, sous les ordres de Luis Fernandez, faire du sud-américain Ronaldinho un battant. La Bundesliga allemande a longtemps traîné une réputation peu flatteuse de championnat rugueux, alors qu'on n'y comptait les Africains que sur les doigts d'une main.
La tradition technique des Pays-bas ne tient pas à la "sud-américanité" des joueurs de son championnat, mais à un état d'esprit, tout comme l'Espagne actuelle. Alors il faut arrêter de prendre des raccourcis comme ceux là pour finalement ne rien dire. Que le coach du PSG s'adresse aux vrais responsables de ce gâchis.
Non, les Africains n'ont rien à envier à personne sur le plan de la technique et ils ne sont pas responsables de la "non-technicité" du football français. Les raisons de ce constat, si cela en est un, sont ailleurs et ce ne sont pas les préjugés d'un individu en retard de trois trains dans l'histoire du Monde qui viendront nous convaincre de quoi que ce soit. Les propos d'Ancelotti sont ceux d'un imbécile.
Léopold Nséké
Suivant > |
---|