Exit les proverbes et les maximes, le folklore a vécu !
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10 Juillet 2012
● La nouvelle a d'abord laissé songeur : Didier Drogba signera-t-il en Chine, dans un endroit où le football se limite à un loisir pour retraités en quête de subsides ?
© Getty Images
L'Europe de l'Ouest n'est plus le centre de tout et c'est tant mieux. A 34 ans, Drogba ne pouvait pas espérer mieux qu'égratigner son statut de star planétaire acquis au fil d'une carrière unique. Il quitte le club anglais en héros absolu après avoir offert la Ligue des Champions sur un ultime tir au but. Fin de l'histoire. Fin de cette première histoire.
Il a bien le droit d'épaissir son compte en banque et d'ouvrir en grand ses fenêtres sur une reconversion future. L'impact de la Chine sur le continent africain peut propulser Drogba sur des hauteurs de responsabilités rarement atteintes par un sportif local.
A sa manière, l'Ivoirien symbolise une grande partie du football africain : lui comme tant d'autres à des échelles diverses s'est exilé pour réussir. Son arrivée en Chine s'apparente même à un appel d'air vers son continent. Yakubu, Kanouté, Keita se sont engagés là-bas.
Samuel Eto'o avait montré qu'un envol ne changeait rien à une image. Le Lion Indomptable a déjà passé une année en Russie dans un championnat qui attire de plus en plus les étrangers à l'image de Traoré ou Samba, nouveaux coéquipiers. Lui aussi était un précurseur. Le Moyen Orient était une destination pour vieilles cannes fatiguées, pour corps usés ? Le changement est passé par là.
Beaucoup d'Africains ont été encore des innovateurs dans cette quête d'horizons multiples. Il était question pour eux de gagner sa vie, de nourrir une famille, d'essaimer un talent pas assez mis en valeur financièrement chez soi. Retracer le parcours de ces exilés passés par Israël, l'Uruguay, l'Indonésie, le Qatar et tant d'autres destinations moins à la mode revient presque à gommer la notion de frontière.
Drogba rappelle que le football évolue loin d'une morale trop souvent éthnocentrée. Dans une interview donnée le 9 juillet à Guillaume Dufy, Seydou Keita soulignait quand on lui évoquait le grand saut vers l'inconnu : "Quand je suis venu à Marseille en provenance de Bamako, j'avais 16 ans, j'étais seul. Ce n'était pas évident." Déjà. Jamais évident de partir en laissant un bout de son coeur sur le chemin de sa réussite. En France ou en Russie. En Chine ou au Qatar.
Sur le continent africain, ils sont nombreux à savoir depuis bien longtemps que l'Europe des « championnats majeurs » n'est plus l'unique eldorado.
Ils sont parfois moins connus que Drogba, ne pourront jamais intégrer le Barça ou le Real mais tracent leur destin dans des mondes parallèles tout aussi intéressants économiquement et humainement. A chacun ses réalités. Elles ne sont pas moins belles ou louables pour autant.
Hervé Penot (L'Équipe)
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