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● Ils ont appréhendé à leur manière l'Afrique du jeu, ses duretés et ses spécificités souvent mal comprises loin du continent.


Le Belge Eric Gerets © Getty Images

Eric Gerets, ancien prophète marseillais, et Denis Lavagne, Lionceau en herbe, ont appris à quelques heures d'intervalle leur licenciement dans la foulée d'un match aller CAN 2013 totalement dévissé. Ces limogeages semblaient inéluctables tant ils focalisaient une colère féroce dans des pays passionnés, tant le peuple se dressait renversant et hostile.

Auraient-ils résisté à une telle déferlante en Europe ? A première vue, non. Les résultats restent des valeurs étalons dans le monde entier et ces techniciens des victimes évidentes d'échecs en série. L'Afrique n'échappe pas à cette règle de bon sens. Gerets et son mois de janvier abîmé au Gabon, Lavagne et ses deux griffures (Libye avant Cap Vert) n'avaient plus grand chose à espérer de décideurs eux-mêmes sous forte pression populaire.

Leur départ ne doit pas faire oublier qu'une sélection en Afrique possède des logiques de fonctionnement, des subtilités, des rouages internes difficilement maîtrisables pour des néophytes. Un rappel : depuis 2000, la plupart des pays vainqueurs de la compétition biennale majeure possédaient des joueurs locaux, que ce soit la Tunisie, l'Egypte ou la Zambie.

On est loin des supposées grosses cylindrées qui se gargarisent de noms ronflants et s'effritent au fil des rencontres. Le foot, ici, n'est pas seulement une question de stars, de comptes en banque mais aussi de contexte.

Entraîner une équipe du continent quand on est étranger, c'est s'imprégner, respirer le pays et surtout le comprendre. A l'image d'un Claude Le Roy, d'un Hervé Renard ou d'un Pierre Lechantre, vainqueurs de CAN, très attachés à leurs terres d'accueil, à l'image encore d'Alain Giresse, qui a su reconstruire au Gabon avant d'aider le Mali à glaner une troisième place en février dernier. A contrario, Clemente, l'Espagnol, venait au Cameroun et repartait aussi sec... Les raisons souvent évoquées par ces hommes de passage : leurs joueurs évoluent en Europe. L'argument est recevable. Et alors ?

Saisir les rapports de force dans une société, les valeurs communes (ou non) demandent une certaine connaissance des lieux, une perception subtile des individus, des réactions. Ces éléments ne sont pas des gages de réussite mais évitent parfois des erreurs irréparables. Dans certains endroits, la lecture fine du cadre ethnique, régional est nécessaire pour éviter des frustrations qui provoqueront in fine des problèmes futurs. Dans d'autres, un simple bout de tissu sur le bras peut engendrer une guerre invraisemblable. Les Lions indomptables connaissent d'ailleurs parfaitement ce sujet...

Et je ne parle pas des croyances, des conflits d'ego, des problèmes politiques constitutifs de tensions qu'il est utile de saisir. Un sélectionneur en Afrique appréhende donc son métier avec d'autres paramètres qu'un Didier Deschamps par exemple. Celui qui maîtrise ces éléments s'enrichit sportivement. Et humainement.

Dans le cas contraire, il passe comme une ombre, prend son cash et se moque des conséquences de ses actes. Cette attitude a tendance, vous l'imaginez, à me révulser : c'est fermer les yeux sur l'impact d'une sélection dans des pays où le football est souvent une immense mais fragile vitrine, où le football reste, et ce n'est pas un cliché, un socle commun nécessaire en dépit de ses excès qui m'apparaissent parfois effrayants.

Hervé Penot
L'Équipe

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