● A quelques jours de l'ouverture de la plus grande compétition sportive de la Planète, certaines fédérations africaines en guise de préparation optimale, ont envoyé une partie de leurs troupes en « séance spéciale » d'entraînement à « l'Africa Unity Experience ». Si l'affiche a semblé noble, me soupçonnera t'on de faire du mauvais esprit si je doute que la biodiversité n'est pas le but principal du sponsor.

Une distraction de plus
Loin de moi l'idée de contester la « noblesse » de ce coup de pub, mais avouons quand même qu'il y'a un problème de « timing ». Par ailleurs, pour un continent qui fait face à des enjeux majeurs et des défis sérieux, la biodiversité ne me semble pas faire partie des priorités. Était-il bien pertinent de distraire trois sélections africaines qui préparent la coupe du monde avec cette urgence - gadget - ?

Le manque de sérieux de nos fédérations est patent ! Alors que toutes les sélections sérieuses apprennent à vivre ensemble et à parfaire leurs automatismes, un groupe d'africains venus du Cameroun, de Côte d'Ivoire et du Ghana avec la bénédiction de leurs autorités respectives s'amuse à Saint Gratien tels des gamins dans un « bac à sable ».

Pendant que ses compères sont en stage Samuel Eto'o, la super star de la sélection du Cameroun se voit octroyer par le sélectionneur national une semaine de congé pour bon et loyaux service rendu à... l'Inter de Milan !

Pendant ce temps, Diego Milito dont le nom a été inscrit deux fois sur tableau d'affichage pendant la finale de la Champions League se presse de retrouver sa sélection dans l'espoir d'obtenir une place dans le onze majeur. Vous me direz, le traitement des stars de la Champion's League diffère d'un pays à un autre. Est-il utopique de penser que revêtir le maillot national est plus qu'un honneur et confère des responsabilités ?

Qu'apporte au Cameroun un titre de plus pour l'Inter ou le Barça ? J'entends dire ça et là, la visibilité des couleurs nationales. Soit ! Pour aller au bout de cette logique, on pourrait donc déduire que lors de la finale de la Champion's League, ce n'est pas l'Inter de Milan qui a remporté la Coupe mais plutôt une multitude de nations. Intéressant point de vue ! Si je comprends bien, le Cameroun aurait donc une panoplie de trophées : champions de France en 1957, 1972, 2010 avec Eugène Njo Léa, Jean Pierre Tokoto et Stéphane Mbia détenteur de la coupe de France en 1980 et 1981 avec Roger Milla pour ne citer que ceux là. Qu'on se le dise le Cameroun est la plus grande nation de football !

Trêve de plaisanteries, remettons les choses dans leur contexte, ce genre de titre est propre à un club et à un joueur dans son accomplissement. Quel que soit le brio avec lequel les Njitap, Eto'o, Milla, Mbia ont remporté qui un championnat, qui une Coupe en Espagne en Italie, en France, ou ailleurs, ces victoires, certes importantes, n'ont pas plus garni la galerie des trophées de la Fédération Camerounaise de football.

Les titres de Ronaldhino au Barça ne provoquent pas à ma connaissance d'hystéries à Buenos Aires ou Sao Paulo. Cela dit, il est vrai que nous sommes fiers d'avoir des joueurs qui participent à ces grandes aventures. Et effectivement par leur talent, ils attirent l'attention sur le Cameroun.

Il y'a de la place pour tout le monde
Nous assistons depuis quelques jours, par médias interposés à une passe d'armes entre Roger Milla qui est peut être la plus grande gloire vivante du sport camerounais et Samuel Eto'o, probablement le plus valeureux des footballeurs camerounais en activité.

Malgré la grande diversité des traditions africaines, il y'a un point de convergence qui émerge, celui qui donne à un aîné le droit de tancer un plus jeune. Voici que le vieux lion décide à sa façon avec des mots probablement rendus maladroits par un manque de facilité d'expression, de "booster" le jeune Eto'o. De lui rappeller que son apport concret à la sélection nationale du Cameroun n'est pas à la hauteur de son talent, de sa légende et des espérances qu'il suscite. Hoquet offusqué chez les « Etophiles » que nous sommes, blessure narcissique du jeune lion. Il rendra coup pour coup sous l'œil goguenard des médias français bien heureux de discréditer l'équipe nationale du Cameroun.

Au-delà du courroux initial, posons-nous et réfléchissons ensemble. Et si Roger Milla par delà des mots que l'on peut questionner, avait simplement dit à Eto'o : « bouge-toi un peu, révolte-toi, le Cameroun mérite d'aller plus haut, ton rôle et ton talent te commandent d'y participer ». Et si Roger Milla était juste entrain de lui dire, de nous dire qu'il est des enjeux face auxquels les plus grands savent être humbles parce qu'ils servent un dessein plus grand que leur légende personnelle. Et si le vieux lion était juste entrain de nous rappeler que quand un joueur met son talent, son enthousiasme et son génie au service d'une équipe et surtout de la sélection nationale, sa grandeur c'est de laisser l'équipe prendre la première place.

Bien que supporter inconditionnel d'Eto'o depuis des années, sa posture ma déconcerté. Suis-je le seul à avoir eu l'impression de l'entendre suggérer que ses coéquipier n'étaient pas au niveau, suis-je le seul à avoir eu l'impression que par sa posture il disait au Cameroun que le critiquer c'était prendre le risque de nous priver de sa présence et de son talent. Et si le vieux lion par delà ses maladresses avait voulu rappeler qu'il est des moments au cours desquels l'ego doit être au mieux sur un banc de touche regardant onze joueurs exercer leur talent en synergie produisant un de ces "nous" magnifique qui mène à la victoire. Et si le vieux lion ...

La bonne nouvelle est que la sélection n'est pas privée d'un joueur à l'immense talent, mais peut on rêver que cette secousse aura remis en question certaines postures. La lettre du capitaine à un camerounais laisse entrevoir des possibilités de "nous". Les concrétisera t'il ?

Avant de conclure, un petit message perso à Samuel Eto'o : j'ai vibré, nous, tes compatriotes, avons vibré à tes exploits depuis plus d'une décennie et nous attendons, le Cameroun attend, l'Afrique aussi que tes exploits soient à la hauteur de ton éblouissant talent et si tu le fais, tu n'auras pas besoin de nous expliquer pour quelle raison nous devons t'admirer. Au Panthéon du foot camerounais dans lequel tes ainés, les Mbappé Leppé, Roger Milla, Théophile Abéga, Marc Vivien Foé, Patrick Mboma pour ne citer que ceux là, occupent une place de choix tu trouveras ta place sans avoir besoin de la réclamer.

Mon exigence, nos exigences sont à la hauteur de ton talent.

Alain-François Epée

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Commentaires 

 
# 04-06-2010 09:53
voilà qui est bien dit!
donc la polémique et avancons!!!
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# 04-06-2010 17:45
C un coup d'épée dans l'eau que de demander aux Camerounais qui gèrent le football organisation, discernement dans les interventions,p lanification incluant la mise en place d'un projet. Ils ne l'ont jamais fait et ne risquent pas de commencer now.
Je parlerais plutôt d'une erreur d'appréciation quand vous séparez défis majeurs et biodiversité. C justement l'erreur du monde capitaliste qu'il faut corriger car tout est lié. Il faut une approche systémique du développement qui tienne compte de la création de la richesse, mais aussi de la culture et de l'environnement conçus comme un TOUT! C aussi l'absence d'approche systémique qui plombe lentement mais surement le football au Cameroun car surfer en permanence sur les talents de + en + rares (Y aura peut être plus jamais un 2e Nkono) a ces limites et nous en voyons aujourd'hui les manifestations. Bonne coupe et à +
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# 04-06-2010 21:12
Je suis surpris qu'il y ait encore des gens qui soient effarées par les propos de certaines personne. Je pense que tout ce qu'Alfa dit tombe sous le sens, mais n'espérons un miracle en Afsud. Ne mettons pas trop d'espoir sur une personne qui n'a pas les qualités des grands leaders: humilité, générosité, charisme. Vivement une autre génération de LIC. Il faut savoir quitter la table.
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