18 Août 2010

● Plus d'un mois après la fin de la Coupe du monde, le Cameroun s'est doté d'un sélectionneur ibérique cette fois. Pourquoi pas ? Le processus de nomination qui avait pris une tournure psychodramatique connaît un dénouement heureux pour les tenants de la philosophie du « sorcier blanc » et laisse sur sa faim la frange qui espère voir l'émergence définitive d'un coach camerounais.

Les atermoiements autour d'une nomination qui, sous d'autres cieux, aurait depuis belle lurette connu son épilogue - parce qu'encadrée par un processus normalisé - ont donné de la graine à moudre à la machine à produire des rumeurs. Les sites dédiés au football national nous présentent toutes les semaines un favori dont la nomination est aussitôt freinée par une « main invisible ».

Si le casting proposé par les instances dirigeantes du football camerounais semble intéressant sur le papier, souhaitons que le capitaine du bateau « Lions Indomptables » et son équipage aient les coudés franches pour diriger le navire. Nous allons nous efforcer de ne pas secouer l'arbre de la polémique et éviter de supputer sur les capacités d'un expatrié à conduire la sélection camerounaise vers les sommets mondiaux. Bien que nous pensions qu'avec des conditions optimales, cette tâche aurait pu être assumée par un sélectionneur camerounais.

Le type d'improvisations que l'on connaît depuis plusieurs semaines devraient disparaitre avec la mise en place de processus appropriés, la nomination d'un sélectionneur ou autre directeur technique pour ne citer que ceux-là, n'en constituant que la face visible.

Les textes encadrant le football camerounais ne devraient-ils pas subir un toilettage approfondi ? Spécialiste des incongruités, le Cameroun est vraisemblablement le seul pays qui organise une finale nationale à date considérablement variable. Date par ailleurs imposée par des autorités assez éloignées de la gestion effective du football.

Paroles, Paroles ?

Au sortir de la Coupe de monde, les promesses de réunions au sommet pour réorganiser le sport en général et le football en particulier sous forme d'états généraux, ont sans cesse été rabâchées. Ces réunions longtemps annoncées, prélude à une refonte totale du football, semble être rangées dans la rubrique des « sans importance ».

A la place, on assiste plutôt à une parodie de reconstruction du football par le biais d'une purge - que nous espérons provisoire - de talents mondialement reconnus soupçonnés de détruire la sérénité de la sélection nationale ou du moins de certains de ses membres influents.

Les bruits assourdissants et parfaitement abjects remontés des vestiaires autour des « fauteurs de troubles sud africains » auraient-ils été réglés par l'arbitraire? A moins d'être parfaitement mystique, la refonte du football, se résumerait-elle à un rajeunissement à la hâte autour d'un homme ?

Comme si on n'apprenait jamais de nos erreurs, la prestation des Lions Indomptables contre la 56^e nation du classement Fifa a donné lieu une fois de plus à un florilège d'accessits. Les Lions auraient ils retrouvé leur football champagne ?

Sans verser dans le mépris facile, à l'égard d'un adversaire plutôt modeste - car en reconstruction - il est à noter que dans ce type de confrontation sans enjeux, il est difficile d'évaluer la capacité d'une sélection à gérer la pression liée aux compétitions de haut niveau et de se mesurer au gotha du football mondial.

Et si on admettait que le Cameroun au travers de ce match avait retrouvé son lustre d'antan, la question du sélectionneur n'aurait plus dû être posée. Contre la Pologne le Cameroun n'avait-il pas déjà son coach ? Après une dizaine de matches sans victoire, la sélection camerounaise conduite provisoirement par une de ses anciennes gloires a retrouvé la voie du succès... le processus de recherche de sélectionneur n'aurait-il donc pas dû être clos?

Et si cette fois chacun apprenait à tenir son rang ? La fédération : organiser un football proche des standards professionnels ; les politiques : développer des infrastructures dignes d'une nation désireuse de tutoyer les sommets mondiaux.

Ces tâches prenantes et de haute importance ne devraient pas laisser le temps à nos « Supermans» d'empiéter sur le travail du staff des Lions Indomptables.

Alain-François EPEE

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