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● Après une phase d'écrémage, la Coupe du Monde sud africaine a réellement démarré le 26 juin avec la phase du « one shot deal ». Phase au cours de laquelle aucun calcul n'est permis – soit on survit, soit on est au tapis. « L'excellente » sélection camerounaise, dont l'absence, de l'avis de certains bouffons, aurait fait perdre à la Coupe du Monde toute sa saveur a déjà quitté la scène. Les adeptes du beau jeu, fussent-ils camerounais, ne regretteront pas le départ opportun de cette machine à produire de l'ennui. En trois matchs, ce cercle d'égocentriques a respectivement étalé un manque ahurissant d'inspiration, un déficit flagrant d'organisation, une carence pathétique de solidarité et une panoplie de gestes superflus dignes non pas des compétions inter-quartiers - dont le niveau est de loin meilleur - mais plutôt des joutes inter-écoles.

A l'heure de tirer le bilan de cette « randonnée » sud-africaine, qu'une frange de rêveurs sincères espéraient glorieuse, nous nous efforcerons de relever malgré tout certains points positifs. La répétition d'une partition usitée - élimination quasi systématique au premier tour – de nos vaillants « soldats », a suscité de grands espoirs chez les footballeurs amateurs et autres sportifs du dimanche. A-t-on besoin d'être footballeur professionnel pour réaliser une telle performance?

La FIFA, dans sa grande mansuétude et avec la complicité des autorités camerounaises a permis à vingt trois touristes vêtus de tuniques aux couleurs du Cameroun de passer deux semaines vacances en Afrique du Sud. Au risque de radoter, nous ne cesserons de répéter qu'aucune préparation frivole ne conduit au zénith. Mais, s'arrêter à la préparation abjecte de l'édition africaine de la Coupe du Monde, sous la houlette d'une absence faisant office de coach, ferait preuve d'inconsistance.

Un peu d'histoire
Une visite de l'histoire du football camerounais, de ses infrastructures et du palmarès de ses « foudres de guerre » permettra à chacun de tirer ses propres conclusions sur la grandeur de la sélection nationale.

Le football camerounais nait officiellement au début des années soixante avec l'avènement de la Fédération camerounaise de football. Cette association amateur a le mérite d'organiser un championnat de bonne facture qui réussit à appâter les tous meilleurs joueurs des pays voisins. Au cours de son apprentissage, le pays se dote aussi bien de techniciens locaux qu'étrangers. On découvrira avec bonheur les Raymond Fobété, Peter Schnittger et plus tard un Zutic Branko pour ne citer que ceux-là. Les clubs camerounais commencent alors à truster les trophées continentaux. L'avènement des années 80 illustre l'émergence de l'équipe nationale du Cameroun. Ironiquement cette montée en puissance est inversement proportionnelle à l'extinction des clubs. L'ivresse du nouveau statut de la sélection construit au fil des années, entraîne une forme de cécité chez les dirigeants qui s'enferment dans une autosatisfaction affligeante. Nul besoin d'ériger de nouvelles infrastructures ou de rafraîchir celles moyenâgeuses déjà existantes. La sélection arrive malgré tout à se placer au sommet du football – continental ou mondial, c'est selon.

Curieusement, la première participation du pays à la Coupe du Monde 82, met à nu l'amateurisme des responsables du football. Les instigateurs de cet exploit grandeur nature, résultat d'un travail de longue haleine, sont remerciés la veille de la compétition. Voici venu le temps des mercenaires - la plupart de temps au passé léger - à qui on offre de bien étranges contrats. Ces derniers appliquent rigoureusement le principe du baron Pierre de Coubertin : « l'essentiel est de participer ».

Machine à recycler les médiocres...
L'ère des « mercenaires professionnels » français a été inaugurée par un sélectionneur qui s'est donné comme objectif, avec l'accord de son employeur, de participer à trois matchs « honorables » en Coupe du Monde. Son contrat de très courte durée lui a permis de récupérer dans les caisses du pays l'équivalent du revenu de plusieurs vies de labeur du citoyen moyen. Si l'on peut lui reconnaître un palmarès relativement correct, on se demande s'il aurait jamais été invité à diriger une sélection nationale secondaire dans son pays. Reconnaissons lui néanmoins l'exploit d'avoir liquidé l'une des plus belles générations de footballeurs camerounais.

Le deuxième français à conduire le pays à la Coupe du Monde est un entraîneur capé sur le papier, ayant par le passé fait ses preuves à l'international –notamment en Coupe du Monde. Il a, depuis cette prouesse, démontré son incapacité à franchir le premier tour d'une Coupe du Monde. Bénéficiant à son arrivée de l'excellent du travail de son prédécesseur camerounais - qui a réussi à qualifier une équipe au bord de la faillite - il réalise lors de sa « Coupe du Monde » l'extraordinaire performance de ne diriger que pendant deux semaines une sélection qui, quatre ans plus tôt, a fortement bousculé le gotha du football. Son « excellence » tactique l'amène aujourd'hui à s'établir dans des championnats de bas étages.

Même si le troisième mousquetaire français a la particularité d'avoir eu des résultats convaincants avec le Cameroun sur la scène continentale, il est à noter qu'à son arrivée, son expertise se limitait plutôt à de petits insignifiants. Malgré ses grandes qualités et la force de son tempérament, son succès n'a jamais franchi les limites de la Méditerranée. Ses émotions en Coupe du Monde seront aussi longues que celles de ses prédécesseurs.

La tradition de « looser » français sera écornée par l'arrivée du voisin allemand à la réputation solide. Ce nouveau « sorcier blanc » est plus préoccupé par sa carrière politique chez lui que par le travail pour lequel il est payé. Il ne survivra pas plus ses prédécesseurs au premier tour de « son mondial ».

« Quand on est tombé bien bas, on ne peut que remonter ». Le Cameroun nous apporte la preuve du contraire; il se met à creuser pour descendre encore plus bas. On assiste dès lors à l'arrivée d'une absence pompeusement appelée coach. Chômeur de son état, il se servira de la sélection camerounaise pour se recycler et mettre en pratique ses leçons. Précurseur de la méthode de « tests continus », celui qui a été viré de ses derniers clubs pour absence de résultats, sauvera cette fois son honneur en annonçant le non renouvellement de son contrat; on ne se fait quand même pas virer après avoir rendu de fiers services.

Palmarès haut en couleurs
En six participations à la Coupe du Monde, le Cameroun n'a franchi le cap du premier tour qu'une fois. Qualification qu'il doit à un sélectionneur aphone, un collectif de « guerriers » aux capacités relatives sublimé par la virtuosité d'un vieux footballeur. Virtuosité, qui hier, était motif de fierté et de satisfaction, s'avère aujourd'hui la cause de tous ses malheurs. Les autorités, au lieu de se servir des exploits de cette icône comme levier de développement de son sport le plus populaire, s'en sont servis pour cacher une forêt compacte.

Pays de tous les records, il en a cette fois établi un nouveau : quitter la compétition avec la note parfaite de zéro. Avec ce palmarès fort « reluisant » ce pays n'est-il pas un géant du football et son coach, une sommité ? Au regard de ses titres africains, le pays est tout au plus une bonne nation locale très loin du niveau des équipes moyennes à l'échelle de la planète.

Remettons au goût du jour nos écoles de football
Après avoir galvaudé plusieurs années de travail de ses pionniers, le Cameroun du football doit s'atteler à reconstruire son sport roi. Pour certains, il faut mettre en place en place un championnat professionnel. Le pays en a-t-il les moyens ? Pour d'autres il faut des états généraux du football. Faut-il une énième réunion stérile ? La forme que prendra la réorganisation du sport en général et du football en particulier importe peu. Il faudra adapter le sport aux réalités locales.

Au lieu de s'accrocher à des modèles importés et potentiellement inopérants, ne devrait-on pas remettre au goût du jour un modèle éprouvé ?
Le plus grand pourvoyeur de talents camerounais, en qualité et en nombre a toujours été le football de la rue - école par excellence - dont le couronnement était le championnat « inter-quartier ». A cette époque, de véritables artistes animaient un football créatif, chatoyant et agréable. Ne serait-il pas judicieux de ressusciter cette pratique ?

Probablement le seul pays au monde à participer à une Coupe du Monde avant d'avoir joué sa finale – à date variable - de Coupe nationale, le pays ne devrait-il pas dissocier le sport du politique? Le football a besoin d'une bouffée d'oxygène. Le ministère des sports ne devrait-il pas élargir ses compétences à d'autres sports ? Avant de penser professionnalisme, ne faudrait-il comme par le passé, penser à organiser un championnat amateur digne de ce nom ?

En six participations au Mondial, les Lions manifestement devenus domptables, ont été conduits par six entraîneurs dont cinq médiocres et un aphone, pour un ratio - passage du premier tour - de un six sur six. Certains entraîneurs camerounais détiennent les mêmes diplômes que ceux de ces aventuriers que le pays importe et leurs charges salariales seront forcément moins élevées. Ne feraient-ils tout aussi bien que de la figuration sur le banc de touche ? Leurs connaissances et expérience du terrain ne leur permettraient-elles pas de faire au pire aussi bien que le zéro en Coupe du Monde ?

L'heure n'est elle pas venu de confier la sélection nationale - dépourvue de superstars oiseuses - à un entraîneur local ?

Alain-François EPEE

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Commentaires 

 
# 01-07-2010 03:09
Tres bel article.
Un bémol sur la conclusion: dissocier ce qui se passe (ou devrait se passer) au niveau du football Camerounais, de ce qui se passe au niveau de l'ensemble des institutions camerounaises, est une erreur...

Ce pays a besoin d'une chimiothérapie ...
Répondre
 
 
# 02-07-2010 17:27
Bel article... Cessons avec ces selectionneurs expatries. Surtout ceux de l'hexagone : Jean Vincent(82)-Henri Michel(94)-Claude LEROY(98)et l'intermittent de Paul LEGUEN(2010). Resultats des courses : sortie au premier tour. Tirons nous-memes les conclusions!...lol Il est temps non seulement de confier les renes de la selection a un national, mais aussi que ces anciens Lions soient a la tete de notre foot. Quand j'entends EKEKE dire qu'il est a la disposition de la federation, je dis non! Il faut qu'il dise vraiment qu'il est pret pour ce poste et se donne les moyens pour l'obtenir. Il en va de meme pour les autres. La Fecafoot n'est pas une citadelle imprenable. Qu'attendent les BELL, ABEGA, MVE ELEMVA Emmanuel par exemple pour etre les patrons de notre football?
Dissocier le foot de la politique, je ne pense pas. Au contraire, le politique devrait accompagner le sport. Non, au ministre du footbal, et oui, au ministre des sports...lol. Qu'en est-il des maquettes des stades? On attend seulement...!
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