
Ligue de Football Professionnel du Cameroun : Quel professionnalisme ?
● Si les informations glanées ça et là se confirment, le stade de la Réunification de Douala sera le théâtre d'une rencontre historique.... [Lire la suite]
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19 Juillet 2010
● Dans les diverses dispositions tactiques mises en place par les techniciens, il se trouve une clé essentielle. Un rouage incontournable dans ce jeu hautement collectif qu'est le football. C'est un milieu de terrain offensif, régulateur et charismatique : le meneur de jeu.
Aurélien Chedjou à la manoeuvre contre les Pays-Bas © Photo Reuters
L'intelligence collective déployée par une équipe peut résulter de gestes mille fois répétés et d'une culture acquise au fil des rencontres. Mais tous les entraîneurs conviennent d'avoir un ou deux joueurs clés, capables d'orienter le groupe, de lancer, ralentir et relancer la machine.
Un contributeur à l'élaboration des schémas de jeu disait : "cet individu doit maîtriser un registre technique et tactique très complet pour être efficace et véritablement influer sur le jeu de son équipe. Il doit être un bon passeur car ce sont ses passes qui offrent des occasions de but à ses attaquants, mais aussi avoir une bonne lecture du jeu, pour trouver les failles du dispositif défensif adverse. C'est à lui donc que revient l'orientation du jeu, c'est-à-dire le choix tactique de servir ses attaquants ou ses ailiers en fonction des actions du match. Il est en général aussi un bon dribbleur, car il peut être amené à porter le ballon soit pour aspirer la défense et offrir des espaces à ses attaquants, soit éliminer des joueurs adverses et créer du surnombre offensif. Dans l'un ou l'autre cas de figure, il doit aussi faire preuve d'une certaine efficacité devant les buts pour le cas échéant, concrétiser les actions de jeu qu'il a réussi à créer." Cette perle sera donc toujours de toutes les configurations et c'est faute d'en avoir manqué une, judicieuse et efficace, que les Lions Indomptables ont également failli ces derniers mois.
Paradoxalement, la seule satisfaction dans l'orientation du jeu à la dernière Coupe du Monde a été Aurélien Chedjou face aux Pays-Bas. "Zidane" fut simplement monstrueux tant dans la récupération que dans l'intelligence des choix de jeu. Et pourtant, il ne fut classé qu'à la faveur du désistement d'Alex Song tout juste avant le match, et dire surtout que Paul Le Guen lui prévoyait un destin de défenseur dans le meilleur des cas ! Pour un milieu supposément défensif, cette prestation magique venait indiquer sans aucun doute que la floppée de milieux de terrain indéboulonnables et désormais surévalués des Lions n'a plus d'inspiration. La déception la plus amère dans ce constat affligeant est Jean Makoun II qui passa carrément à travers son Mondial. Quant à Achille Emana, le surdoué de la bande, il semble un peu trop vulnérable aux considérations extra-sportives en plus de ne pas avoir cette régularité qu'ont affiché ses prédécesseurs en équipe nationale.
Des années 60 à nos jours, il y a eu de très grands meneurs de jeu au Cameroun et leurs prestations ont toujours été au rendez-vous, dans les belles réussites tout comme dans les défaites les plus cruelles. Ce furent entre plusieurs, les Isaac Mbette, Joseph Owona, Jean-Pierre Tokoto, Dieudonné Bassanguen, Paul Gaston Ndongo, Jacques Guy Manga, Grégoire Mbida, Joseph Kamga, Théophile Abéga ou encore très près de nous Lauren Etam Mayer. Ces joueurs disposaient en leur temps, d'une aura sur le terrain qui leur permit d'exercer au mieux leur talent et déployer leur génie. Ils conquirent, non seulement le coeur des supporters, mais d'abord et surtout le respect de leurs coéquipiers qui n'avaient pas à se poser la question de savoir si on pouvait leur passer le ballon et ce qu'ils pourraient bien en faire. A voir le nombre de relances directes de la défense camerounaise vers l'attaque en Afrique du Sud, on comprend très vite que le dispositif de l'entrejeu manquait, non seulement de logique, mais ne rassurait plus totalement les uns et les autres des équipiers.
Demain, les Lions auront besoin de millieux de terrain bien plus intelligents encore et au temps de réaction infinitésimal. Gaëtan Bong, Georges Mandjeck, Landry Nguemo et Eyong Enoh disposent d'un volume d'abattage assez intéressant mais ne sont pas de très grands techniciens et il leur faut encore élever leur culture tactique d'un ou deux crans. Alexandre Song, Aurélien Chedjou et surtout le jeune Jöel Matip sont les seuls qui donnent l'impression de réfléchir au quart de tour, à la seconde de la première touche de balle près. Même s'il semble avoir été très moyen face au Japon, Matip représente l'avenir de ces jeunes qui entoureront un éventuel maestro chez les Lions. Il en va de même pour Marcel Ndjeng, malheureusement recalé avant la dernière Coupe du Monde.
Ce maître du jeu a pourtant l'air de prendre forme avec Jacques Zoua, sociétaire du FC Bâle en Suisse. Forfait pour le Mondial en raison d'une blessure, cet ancien cotonnier étonne par son immense talent. C'est peut-être de ce type de joueur que les Lions ont tant besoin depuis quelques temps. Belle satisfaction camerounaise lors de la dernière Coupe du Monde junior en Egypte malgré l'argumentaire défensif approximatif d'Alain Wabo, "Jackson" a tout pour prendre le relais d'un Emana désormais fortement discuté. Flanqué de Vincent Aboubakar ou Eric Choupo-Moting à l'attaque, il pourrait bousculer plusieurs certitudes et ramener un peu de sérénité dans le compartiment médian des Lions. En plus de cette intelligence peu commune, Zoua est un buteur racé. Il ne reste plus qu'à suivre sa forme en ce début de saison avec son club suisse pour nous en faire une belle idée avant les prochaines échéances internationales de notre sélection fanion. A moins qu'un autre joueur ne vienne éclabousser les lieux de tout son talent.
Léopold Nséké
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