
Ligue de Football Professionnel du Cameroun : Quel professionnalisme ?
● Si les informations glanées ça et là se confirment, le stade de la Réunification de Douala sera le théâtre d'une rencontre historique.... [Lire la suite]
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13 Janvier 2012
● Si les informations glanées ça et là se confirment, le stade de la Réunification de Douala sera le théâtre d'une rencontre historique. Celle qui marquera les débuts officiels de la toute nouvelle LIFPROC, porteuse de grandes ambitions pour le football camerounais. Sauf que plusieurs observations sont à faire comme l'atteste cet excellent papier de nos confrères de Mutations.
Le très "moderne" stade de la Réunification de Douala, gris tristesse © DR
Pourquoi au pays de Roger Milla où la plupart des matches de championnat d'élite se disputent encore sur les terrains poussiéreux on est tant pressé de courir vers le professionnalisme ? Sachant bien que ces enceintes appelées abusivement «stades» ne peuvent attirer ni public, ni annonceurs. Avant de penser au professionnalisme, les clubs qui n'ont même pas de terrain d'entraînement ou de boîte postale, ont-ils pensé à transformer leurs associations sportives en véritables entreprises ? Le cahier des charges, qui obligeait les clubs amateurs de se doter, entre autres, d'un siège, des terrains d'entraînements, de toutes les catégories jeunes et d'un budget conséquent... n'a été que très peu suivi par les clubs.
Au lieu que l'Etat du Cameroun s'affaire à transformer les footballeurs locaux en "fonctionnaires" en leur fixant des salaires (100 milles F cfa par joueur en D1 et 50 milles F en D2), il aurait été plus judicieux, depuis des lustres, de construire dans les grandes villes du pays des stades modernes (électrifiés) d'une capacité minimale de 5000 places assises. Le professionnalisme ne se décrète pas, il se construit ! Aujourd'hui à l'heure de l'industrialisation du football, pourquoi veut-on mettre la charrue avant le boeuf ?
La Ligue de football a-t-elle pris le temps de former les dirigeants de club dans le management sportif? Les présidents de clubs, qui très souvent confondent les caisses du club à leurs poches, notamment lors des transferts des joueurs, savent-ils seulement qu'ils seront désormais face à des contrôles inopinés des agents de l'Etat? Il ne suffit pas de muer les footballeurs en "fonctionnaires" pour penser que l'on a professionnalisé le football.
Un projet aussi grand que la mise en place du professionnalisme dans le football camerounais qui a vécu plus d'un demi-siècle dans un amateurisme total ne peut être entamé sans la mise en place d'un préalable : l'assainissement. La première mesure à prendre, c'est d'éloigner par des mesures dissuasives tous les opportunistes qui rodent autour du football et qui en ont fait une sorte de vache à lait. Ensuite, il faudra mettre en place des règlements nécessaires et un cahier des charges adapté à notre environnement et veiller à leur stricte et rigoureuse application.
Entretenir chez tous les acteurs du football une mentalité pro en luttant contre toute forme d'amateurisme. Veiller à la pérennisation des ressources financières (recettes, sponsoring, soutien financier des collectivités locales, revenus des transferts, etc.). La ligue devrait agir, par divers moyens, afin que soient formés méthodiquement, avec l'aide la Direction Technique Nationale (DTN), dans les centres de formations, les futurs footballeurs professionnels.
Pour y parvenir, une période transitoire d'au moins trois ans aurait été nécessaire. Avec un minimum de volonté, cette période aurait permis à l'État, aux entreprises privées et/ou aux collectivités locales, de construire des stades. Elle aurait permis aux clubs de remplir le minimum de critères (sportifs, administratifs et juridiques) pour entrer dans le professionnalisme.
Le volet financier de nos clubs a, jusqu'à maintenant, été non seulement tabou, mais souvent entouré d'une gestion occulte. Pendant des décennies, il a échappé au contrôle fiscal de l'Etat, est-ce que cette gestion va changer avec l'instauration du professionnalisme ? Enfin, chaque club devrait apporter la preuve qu'il dispose, hors subventions et droit Tv, des ressources financières nécessaires (fixé par la Ligue) pour aspirer au professionnalisme. Comme rien ou presque de tout ce qui précède n'a été effectué, l'on court vers un professionnalisme de façade.
Émile Zola Ndé Tchoussi
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