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● Ce qui arrive à Samuel Eto'o rejoint les appréhensions de certains contributeurs à notre tribune. Jacques Zanga écrivait le texte suivant au mois de juillet 2010.


© Photo Getty Images

J'ai reçu énormément de courrier suite à la publication des trois tribunes libres que j'ai écrites au cours de ces quatre derniers mois. Quitte à décevoir ceux qui voient en moi le fer de lance d'un clan « anti Eto'o », je tiens à souligner très clairement que comme tout Camerounais ou amateur de football, je suis transporté par le talent de Samuel Eto'o.

Même si l'apogée de sa carrière est derrière lui, il demeure l'un des meilleurs footballeurs que l'Afrique ait produit et que le monde ait vu évoluer. Son parcours individuel ne peut susciter qu'enthousiasme et admiration. Malheureusement, il n'en est pas de même de son parcours et surtout de son impact au sein de l'équipe nationale du Cameroun. Samuel Eto'o est une star, personne n'en disconvient. Mais, en toute bonne foi, personne ne saurait également contester le fait que Samuel Eto'o est tout, sauf un leader.

Qu'est-ce qui caractérise un leader ? C'est une personne exemplaire, quelqu'un en qui les autres ont confiance, qui incarne l'intégrité et l'honnêteté, la caution morale d'un groupe. Ce n'est pas par hasard si John Terry a été déchu du capitanat de la sélection nationale anglaise pour avoir eu une aventure extraconjugale, alors que cela relève de son intimité. Ce n'est pas par hasard si l'entraineur de l'Olympique Lyonnais, Claude Puel, retire le brassard de capitaine à Sydney Govou, après que celui-ci se soit distingué par des sorties de route extra-sportives, notamment une conduite en état d'ivresse. Que dire donc d'un leader à la vie privée dissolue, qui ramène des jeunes femmes dans la tanière des Lions lorsque ceux-ci sont en mission officielle, et qui encourage ses coéquipiers à le suivre dans sa débauche ? Que dire de quelqu'un qui tabasse des journalistes ou insulte ses ainés en conférence de presse ?

Un bon leader transpire la passion et le dévouement, et pas seulement quand les caméras sont braquées sur lui. Il a une exigence d'excellence qui ne tolère aucune compromission, est de tous les combats et ne choisit pas ceux qui lui conviennent. Il attise l'émulation, injecte le « hémlè* » à son équipe. Il sait inspirer l'enthousiasme et susciter la motivation sans avoir recours à des cadeaux somptuaires pour tenter d'obtenir l'adhésion de ses pairs. Il dirige en donnant l'exemple, en faisant partie de l'équipe et non en exigeant un traitement particulier supérieur aux autres. Il ne lui viendrait jamais à l'idée de prendre une semaine de vacances au lieu de venir rejoindre ses coéquipiers en stage de préparation pour la conquête d'un trophée prestigieux. Il a un sens de l'écoute développé, est la personne-ressource vers laquelle les autres se tournent quand ils sont à la recherche d'un conseil, d'une oreille attentive ou d'un guide pour la résolution d'un problème. Il sait se mettre en retrait pour le bien du collectif, privilégie le « nous » en lieu et place du « je ». Un leader est un unificateur, et non pas un diviseur.

Il est posé et rassurant, il respire la confiance en soi. Il doit être le roc sur lequel ses coéquipiers peuvent venir s'appuyer lors de passages difficiles ou incertains, et non celui par qui les tempêtes arrivent. Il doit garder la tête froide en période de crise, maitriser ses émotions, ne pas perdre de vue les objectifs, pouvoir analyser et surmonter les causes d'une perturbation et remobiliser son équipe après une défaite, et non courir dans tous les sens en se déchargeant de sa responsabilité sur untel ou untel, sitôt que tout va mal. D'ailleurs, un vrai leader n'oublie jamais que quand il pointe du doigt quelqu'un, trois doigts de sa main accusatrice sont toujours tournés vers lui-même.

En entendant Paul Le Guen ou Linus Pascal Fouda, ci-devant porte-parole du ministre de la Communication, faire des allusions de mauvais aloi sur la « guerre des clans » qui aurait divisé la tanière pendant la campagne sud-africaine, j'ai envie de leur poser une seule question : qui est dans le « clan Eto'o » ? Parce que si, à ce jour, une profusion de noms sensés appartenir à un « clan anti Eto'o » circule, jamais un seul joueur n'a été cité comme étant membre d'un virtuel « clan Eto'o »... N'avions-nous pas tout simplement à faire à un joueur nombriliste qui, complètement dépassé par son manque de compétence à assumer la charge mise sur ses épaules par un manager encore plus incompétent, s'est retrouvé au centre de la tourmente, se mettant à dos toute l'équipe, autant à cause de sa propension à initier discordes et dissensions que de son incapacité à s'effacer et se remettre en question ?

Les stars existent, et certaines stars sont d'ailleurs des leaders, mais toutes les stars ne sont pas des leaders.

Je souhaite que Samuel Eto'o continue de briller sur les terrains et d'illuminer les yeux des milliers de personnes par ses prestations à l'Internazionale Milano, comme il l'a fait par le passé à Majorque ou au Barca et comme il le fera peut-être à l'avenir au Real de Madrid, qui sait ? Je lui souhaite de gagner sa cinquième Champion's League, son quatrième ballon africain ou son premier ballon d'or mondial. Mais, avec la même ferveur, je souhaite qu'il se mette en retrait des Lions. Ce n'est pas être désobligeant mais réaliste que d'affirmer qu'il n'a ni la carrure, ni les aptitudes pour être le capitaine de cette équipe ou de toute autre d'ailleurs. Ce n'est pas un hasard s'il n'a jamais porté de brassard au cours de sa carrière, dans aucun des clubs dans lesquels il a évolué. A contrario, l'observation du parcours d'un Rigobert Song ou d'un Didier Deschamps, pour ne citer que ceux-là, qui ont été capitaines depuis leurs débuts (en minimes, cadets, juniors et même dans des clubs étrangers dont ils ne maitrisaient pas la langue) nous prouve, si besoin est, qu'on ne s'improvise pas leader. On l'est ou on ne l'est pas.

Pour le bien des Lions indomptables, pour une renaissance viable de l'équipe nationale, pour le retour de la cohésion dans la tanière, la première solution consistera donc inévitablement à retirer le brassard de capitaine à Samuel Eto'o. Le Cameroun a la chance d'avoir pu produire des capitaines légendaires : Théophile Abega, Rigobert Song, Stephen Tataw. Il semble tout à fait adéquat et logique de s'appuyer sur leur expérience et leur savoir-faire pour déterminer la personne la mieux à même de pouvoir assumer la lourde de tâche du capitanat, et pour l'encadrer sur le chemin ardu de la réussite.

Jacques Zanga
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NDLR: * Librement traduit par "hargne" ou "foi" en langue basaa du Cameroun.

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Commentaires 

 
# 07-07-2010 15:58
Je peux crier ?!
OOOOOOUUUUUUUUU AAAAAAAAIIIIIII IIIIIIIISSSS!!
A cette différence que JE suis anti-Eto'o et je l'assume sans aucun problème !
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# 07-07-2010 16:22
Je prends la liberté d'appuyer votre analyse face à l'incompréhensibl e manque de réactions des autorités camerounaises qui attendaient pourtant de bons résultats de leur équipe de football.La société camerounaise doit prendre conscience de l'importance du football dans les domaines économique, culturel et social même s'il faut relativiser la valeur du sport chez l'homme.L'élimination prématurée de l'équipe de France de la coupe du monde en Afrique du sud fait débat depuis trois semaines .Au Cameroun on donne l'impression qu'il s'est rien passé malgré les sommes dépensées pour satisfaire des exigences démesurées.Le Cameroun méritait mieux qu'apprenti pour une phase finale de coupe du monde.Il est évident pour tout camerounais qui suit le football de son pays que nous n'avions pas en Paul Leguen un entraineur capable de hisser les lions indomptables au niveau de demi-finaliste qui était notre légitime ambition et nous savons après avoir vu le Ghana jouer que c'était possible.Le football mondial est une économie de 200 MILLIARDS de dollars.Le Cameroun est un pays de football et à ce titre nous devons l'organiser pour prendre part à cette économie.Il faut certes donner un nouvel élan à l'équipe fanion mais il faut tout revoir y compris les dirigeants de la fédération qui ne sont pas exempts de reproches,le premier étant leur manque de vision et d'ambition pour notre sport roi.Il est impératif d'organiser les états généraux du football camerounais qui a tant donné à notre identité.Une préparation doit s'ouvrir dès maintenant pour une réfondation solide prenant en compte les exigences du football professionnel le seul qui peut véritablement créer les conditions d'un retour du public dans les stades comme dans les années 60 et 70.C'est en s'appuyant sur un football domestique de haut niveau que le Cameroun retrouvera son rang de meilleure équipe nationale du continent.
Les autorités camerounaises n'ont pas été reconnaissantes envers le football qui leur a donné une image de conquérant que ne justifie rien d'autre.Il est urgent que le Cameroun organise une phase finale de la coupe des Nations pour relancer son football qui ne survit que superficielleme nt.Sinon nous connaîtrons des passages à vide plus longs que celui que nous feignons d'ignorer actuellement en s'accrochant sur quelques réussites individuelles comme ETOO et autres Emana,Mbia... etc .En attendant pour les prochaines échéances il est suicidaire d'employer un homme de télévision pour une équipe nationale de football comme le Cameroun.Nous avons des techniciens qui remporté des jeux olympiques ,je suis persuadé que Leguen ne gagnera jamais cette compétition,nou s en avons une éclatante démonstration avec notre dernière sortie.Que le football camerounais renaisse nous en avons besoin.

Simon TEDGA
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# 07-07-2010 17:47
Si nous quittons le cadre partisans anti ou pro Eto’o, on se doit de reconnaitre que cet article est criant de vérités.
J’aurais souhaite qu’il aille plus loin et interpelle le patron de la fecafoot (Ali Baba et ses 40 voleurs d’af sud) sur son manque criard de résultats depuis environs 8 ans.
Au « trois plaies des lions » du meme auteur, il faudrait aujourd’hui y ajouter de nouvelles plaies dont Linus et Ali Baba
Merci pour cet article très bien écrit
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# 07-07-2010 20:14
Pour la petite histoire, Samuel Eto'o a ete capitaine a Majorque.
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# 07-07-2010 21:28
Sur quelle periode?
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# 07-07-2010 22:18
Etoo a porté le brassard à Majorque à quelques reprises par prestige mais le staff dont le président Mateo Alemany le trouvait trop impulsif et ses démêlées hors du terrain ne parlaient pas en sa faveur pour en faire le capitaine de l'équipe...
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# 08-07-2010 11:15
ce n'est que l'exacte vérité, Eto'o n'a pas la carrure d'un leader. superbe article
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# 09-07-2010 03:35
SUPERBE ARTICLE...
il est clair que les éditeurs ce site ont compris que le succès viendra de la qualité... je m'en réjouis fort.

Bonne continuation ...
;-)
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# Léopold Nséké 12-07-2010 05:54
Merci Cesco !
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# 10-07-2010 02:05
Article bien meilleur que celui intitule "Les trois plaies de...."

Tous les dirigeants et personnes qui etaient pretes de la taniere des lions en Afrique du Sud parlent de Clans mais aucune personne ne rentre dans les details.donnez nous au moins le nombre et les deaders de ces clans.

En ce qui concerne le noouvel entraineur, je pense que tout coach avec un peu d'experience peut nous aider a gagner les trophes. Il nous faut seulement un coach qui pourrait sans hesiter ne serait-ce que souvent faire sortir Eto lorsqu'il n'est pas productif pour essayer d'autres combinaisons(ko uameha - tchoupo , kouamela - meyonze...etc). Prenons l'exemple de l'Espagne ou les gars comme Fernando Tores et fabregas sont au banc.
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# 12-07-2010 16:55
L'article est en effet criard de vérités et bravo pour ces belles initiatives.

A mon avis toute analyse sur ce qui est et sur ce qui est passé est désormais sans objet, sinon de juste nous faire mal encore. Je ne sais même pas comment vous avez encore le courage d’analyser/expliquer / tenter de comprendre les causes /effets des resultats de cette équipe. Les analyses auraient servi si on pouvait se baser sur le passé pour écrire un nouveau futur. Dans le cas de la cuvée LICS 2010, il n’y a RIEN à tirer. Rien de rien. Il faut tous les enlever et recommencer à ZERO !!! Chacun doit renvoyer son CV comme s’il n’avait jamais même approché les lions. Je ne sais pas comment vous décrire cela. Il n’y a pas de devoir de mémoire. Ils n’ont jamais existé parce que même en recommençant à zéro, on ne peut pas faire pire que ce qui a été. On va proceder disons comme une equipe africaine qui se met au hockey sur glace. Repartir à zero sur les fondamentaux. Si si ! C’est ca !

On n’a pas besoin de l’expérience de quelqu’un qui a été mêlé à cette histoire de la cuvée 2010. On va demarrer de nouvelles experiences. Les nouveaux jeunes là doivent vite être éloignés de cet environnement de pourris avant que la gangrène ne les atteigne… Viiiite faut les mettre loin !! Oublier qu’on a un jour jouer au foot parce que rappelez vous que quand Milla jouait certains de ces jeunes la n’étaient même pas nés.
Donc oublions tout ca. Une génération de Lions n’a pas pu passer le flambeau, la flamme s’est donc éteinte, il faut TOUT reconstruire. On peut même changer de nom pour effacer ce passé qui devient un passif que plus personne ne peut assumer.

Donc je dis merci d’avance a Cameroon-footbuzz de nous proposer d’être le site du football camerounais de demain et non plus celui des has been !
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# 16-07-2010 12:38
cher ami je crois que le fait que vs ayez Samuel ds votre pays devient un probleme.Samuel a tjr ete positif a l'equipe nationale vs les camerounais cherchez tjr la petite bete ailleur ,demandez d'abord a votre president de la fecafoot de partir, car eto'o n'est pas le probleme du cameroun ,on a vu des joeur coe Messi partir du mondial sans but Eto'o en a marque 2
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