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● La voix du football français marquait tant pour ses débordements verbaux répétés que ses sympathiques "gauloiseries". Il n'est pas certain que cela plaisait à tout le monde.


© Reuters

"Institution" pour les uns, caricature du "beauf" pour les autres, aussi populaire que controversé, le journaliste et commentateur Thierry Roland, décédé à 74 ans, incarnait depuis 50 ans LA voix du football à la télévision française. L'homme, fidèle compagnon des peines et joies des supporteurs français, avait souvent été critiqué pour son côté franchouillard et fier de l'être, ses débordements verbaux répétés, sa misogynie revendiquée. Mais il avait aussi pour lui son côté "bon copain", un peu histrion et friand de gauloiseries.

Un profil qui, tout à la fois, plaisait et révulsait. Si beaucoup se reconnaissaient dans ce profil de "Français moyen" aux partis pris revendiqués et assumés -le tout saupoudré du zeste de mauvaise foi inhérent à chaque supporteur-, d'autres voyaient en lui une synthèse de tous les maux du football. Ces derniers avaient dû être ravis quand, à partir du 1er janvier 2005, TF1 -où l'intéressé officiait depuis 1984- avait décidé de lui retirer les commentaires des matchs des Bleus et de Ligue des champions, le reléguant sur TPS et Eurosport.
Insubmersible

Mais l'homme était insubmersible, et il avait encore tenu l'antenne, sur différentes chaînes, jusqu'à l'Euro 2004, au grand dam de ses détracteurs ; il avait failli reconstituer son duo avec Jean-Michel Larqué, avec qui il avait officié plus de 700 fois, pour cet Euro-2012 en Pologne et Ukraine. C'est une page qui s'est tournée tant l'homme, né à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) en 1937, marié à la réalisatrice Françoise Boulain et qui avait un fils, Gary, semblait quasi-charnellement lié à l'équipe de France et aux grandes rencontres européennes (il en a commenté plus de 1 300 depuis le Mondial-62).

Thierry Roland, qui a appris à lire dans le quotidien sportif L'Equipe, avait entamé sa carrière à la RTF (Radiodiffusion télévision française) en 1955 avant, cinq ans plus tard, de rejoindre l'ORTF (Office de radiodiffusion télévision française). En 1968, il fit partie des "gauchistes" renvoyés de l'ORTF par le pouvoir gaulliste. Un comble pour celui qui n'a jamais caché son penchant pour la droite, nostalgique de l'Algérie française et partisan du rétablissement de la peine de mort pour les tueurs d'enfants, de personnes âgées et de policiers.
"Ni facho, ni raciste" (Thierry Roland)

Après une parenthèse de six ans à France-Inter (1969-1975), il revient à la télévision, sur Antenne 2 où officient ses maîtres, Roger Couderc et Robert Chapatte. Et c'est en 1976 qu'il commence à bâtir sa notoriété, traitant un arbitre de "salaud", disant tout haut ce que beaucoup de téléspectateurs pensent tout bas. Ce genre de débordement verbal, Thierry Roland les multipliera au cours de sa carrière, au point, même, d'en faire "une marque de fabrique". En 1986, notamment, ses attaques à l'antenne contre un arbitre tunisien qu'il jugeait incompétent, provoquèrent un tollé et il dut s'excuser à plusieurs reprises et arguer qu'il n'était "ni facho, ni raciste". Mais la phrase prononcé alors est restée.

Tout comme restera ce commentaire cette semaine encore à l'antenne de RTL sur l'Ukraine, "ce pays à la con". Mais Thierry Roland passera aussi à la postérité pour ses saillies drôlatiques comme ce "fauché comme un lapin en plein vol", ou ce "ces deux là ne passeront pas les vacances ensemble". "Has been" ou presque, face à la nouvelle génération de commentateurs sportifs, formés notamment à l'école Canal +, Thierry Roland avait été "déringardisé" par la même chaîne, via les Guignols. Le "Tout à fait Thierry" de "Jean Mi-Mi" était même devenu culte et les noms des deux hommes étaient chantés dans les stades.

Pourtant, Thierry Roland choqua certains qui lui reprochèrent ses commentaires "comme si rien ne s'était passé" lors des tragédies du Heysel en 1985 et de Furiani en 1992. Devenu à sa manière un "monument" du football français, Thierry Roland, qui en a quitté la scène cette semaine, déclarait en 1998 lors de la finale victorieuse de la France à la Coupe du monde : "Je crois qu'après avoir vu ça, on peut mourir tranquille ! Enfin, le plus tard possible". Il aura finalement attendu encore 14 ans.

Avec AFP

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