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● Le business mafieux des matchs truqués, en lien avec des paris sur Internet, a mis en lumière l'ampleur de la corruption dans le football international. Joueurs et arbitres achetés, scores fixés à l'avance: des centaines de rencontres ont été manipulées ces dernières années sur les cinq continents. Mais les aveux de quelques " repentis " permettent aujourd'hui de reconstituer, images à l'appui, le scénario de ces matches bidonnés. Petit florilège en video.


Une fausse sélection togolaise pour paris truqués © AFP

Nom de code: "Last bet" ("dernier pari"). L'enquête menée depuis septembre 2010 par le parquet de Crémone (Italie), a jeté le discrédit sur une cinquantaine de matches italiens truqués durant la saison 2010-2011, dont une vingtaine en Serie A (1ère division).

Des dizaines de footballeurs professionnels sont soupçonnés de s'être laissés corrompre par des hommes de main originaires des Balkans, agissant pour le compte d'un "syndicat" mafieux de Singapour, dont le cerveau, Wilson Perumal Raj, 46 ans, arrêté en Finlande, collabore à présent avec les polices de plusieurs pays européens.

A lire: l'enquête de L'Express sur les Mafia des matches truqués

Parmi les premières vedettes du calcio passées aux aveux, Christiano Doni, ex-international italien, ex-capitaine de l'Atalanta Bergame et meilleur buteur de l'histoire du club. Doni, 38 ans, a reconnu avoir trempé dans l'affaire du "calcioscommesse" ("paris sur le foot"). Un exemple, le plus parlant: le match Bergame-Plaisance, disputé le 11 mars 2011, pour le compte de la 32ème journée de Serie B (2ème division). La partie et son score, 3 à 0 pour l'Atalanta, ont été "arrangés", comme on peut le constater dans la video ci-dessous.

A la 34ème minute de jeu, Zenoni, un défenseur de Plaisance, mouillé dans la combine, fait une main volontaire dans la surface de réparation, sous le nez de l'arbitre. Qui siffle illico penalty. Christiano Doni (n°27), le capitaine, s'empare du ballon pour exécuter la sentence. Mais, juste avant le tir (ce que ne montrent pas les extraits), le gardien de but de Plaisance, s'approche de Doni. Non pas pour le déconcentrer, comme le croiront certains spectateurs, mais pour lui dire: "Tire au millieu, je vais plonger sur ma droite..."

Aussitôt dit, aussitôt fait: 1-0. Huit minutes plus tard, rebelote. Carlo Gervasoni, un autre défenseur de Plaisance (n°4), lui aussi repenti, commet une faute flagrante sur un attaquant de Bergame. Nouveau penalty. Tir au centre de Doni, plongeon du gardien à droite... 2-0. Trois minutes de jeu après, sur un centre anodin à ras de terre, le gardien de Plaisance, se garde d'intervenir, simule une chute et permet à Ruoppolo de marquer dans le but quasiment vide. 3-0 à la mi-temps: le score est acquis. Il ne bougera plus et rapportera quelques centaines de milliers d'euros au gang de Singapour sur les sites de paris illégaux en Asie...

50 000 euros pour un but contre son camp

Une autre preuve par l'image? Le 15 mai 2011, Bari-Lecce (1ère division), le derby des Pouilles, s'annonce "chaud bouillant". Lecce doit absolument gagner pour se maintenir dans l'élite du calcio. Bari, en revanche, est déjà condamné à la descente. Les enquêtes judiciaires menées en Italie ont démontré depuis que huit joueurs de cette équipe en perdition avaient vendu les... dix derniers matchs de la saison!

Pour Bari-Lecce, le coût total de la combine, négociée par un intermédiaire macédonien pour le compte des tricheurs de Singapour, s'élève à 230 000 euros. Andrea Masiello, défenseur de Bari, empoche 50 000 euros à lui seul. La suite se dévoile en images ci-dessous. A la 52e minute de jeu, sur un corner, un défenseur de Bari tombe et permet à un attaquant adverse de marquer plus facilement de la tête. Le clou du spectacle intervient à onze minutes de la fin du match. Sur un tir raté d'un joueur de Lecce, Masiello (n°5) fait mine de s'embrouiller les crayons et marque contre son camp... Fin du suspense. Et jackpot pour les "boss" asiatiques, commanditaires de l'arnaque.

Penaltys à gogo

Vous reprendrez bien encore un peu de farce? Le 9 février 2011, le "syndicat" Singapourien organise deux matchs amicaux à Antalya (Turquie): Bolivie-Lettonie et Bulgarie-Estonie. Cette fois, Wilson Perumal Raj n'est plus à la manoeuvre: dénoncé sur l'ordre du big boss, Tan Seet Eng, alias "Dan", un homme d'affaires ayant pignon sur rue à Singapour, il a été arrêté quelques jours auparavant par la police finlandaise. C'est son ex-adjoint, Antoni Santia Raj, désormais le "cerveau" n°1, qui prend les choses en main.

Voici l'embrouille: les arbitres des deux rencontres, corrompus, vont fabriquer des scores sur mesure. L'un des hommes en noir est même changé à la dernière minute, sans que la fédération turque, puissante invitante, soit mise au courant. Résultats? Bolivie-Lettonie: 1-2; Bulgarie-Estonie: 2-2. Tous les buts -sept au total- sont marqués sur des penaltys généreusement distribués. Un coup de pied de réparation, manqué par un joueur letton, est d'ailleurs donné à retirer, histoire de ne rien laisser au hasard.

Ces rencontres font aujourd'hui l'objet d'enquêtes policières dans plusieurs pays. Les six arbitres ayant officié ont été suspendus à vie par la Fédération internationale de football association (Fifa). Mais les joueurs présents sur le terrain n'avaient-ils vraiment rien remarqué d'anormal ce jour-là?

Une fausse équipe

Un monument de la triche pour terminer. Il porte la signature de Wilson Perumal, avant son arrestation en Finlande. Le 7 septembre 2010, en amical, devant moins de 100 spectateurs, Bahreïn bat un peu trop facilement le Togo, par 3 buts à 0 (voir les extraits video ci-dessous). En fait, Wilson a recruté une... fausse équipe: les footballeurs sont Togolais, mais ils n'ont absolument pas le niveau international. Leurs lacunes techniques et physiques, ainsi que la faute criante qui provoque le penalty (voir les videos des trois buts, ci-dessous) sont consternantes.

Il y a mieux: cette mascarade recelait encore une autre astuce. "Quelques parieurs initiés de Singapour avaient flairé l'affaire. Ils avaient misé le paquet sur une défaite du Togo par au moins quatre buts d'écart," a confessé Wilson Perumal."J'ai alors fixé leur défaite sur le score de 3 à 0 et parié tout mon argent dessus. Voila pourquoi l'arbitre a refusé cinq buts, prétendument pour hors-jeu..." C'est bien ainsi que Wilson, "Dan" et leurs confrères mafieux détournent les lois du ballon rond: "Le football se joue à onze contre onze et, à la fin, ce sont les tricheurs qui gagnent".

Boris Thiolay, L'Express

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