La station de Chamonix vit une semaine décisive. Alors que les premiers skieurs attendent l’ouverture des pistes, une tempête d’une rare intensité s’abat sur les Hautes-Alpes, avec des accumulations prévues de plus d’un mètre de neige fraîche en seulement quelques jours. Ce n’est pas une simple chute de neige : c’est une révolution hivernale, venue du sud, qui pourrait redonner vie à une saison jusqu’ici bien trop douce. Le 22 novembre 2025, à 8h10 UTC, les stations automatiques de Météo France enregistraient déjà 112 cm de neige au GRANDS MONTETS, 65 cm à Le Couvercle, et seulement 7 cm en bas de vallée, à Chamonix ville. Ce n’est que le début.
Une tempête « retour d’Est » d’une puissance inhabituelle
Le phénomène qui frappe Chamonix s’appelle un « retour d’Est » — un courant d’air humide qui, une à trois fois par hiver, se forme quand une dépression se creuse au-dessus du golfe de Gênes. Il aspire l’humidité méditerranéenne, la pousse contre les Alpes, et la transforme en neige. Cette fois, c’est une version exacerbée. WeatherToSki.co.uk a averti le 23 novembre : « Une tempête majeure va frapper les Alpes ce soir ! » avec 15 à 30 cm attendus en deux jours. Et ce n’est pas un coup de chance : la même source prévoyait déjà, le 19 novembre, « la plus puissante de cette série d’incidents, avec jusqu’à 1 mètre de neige fraîche dans les régions occidentales des Alpes ».
La neige tombe bas — très bas. À 2 000 mètres, les flocons s’accumulent sans relâche. À 1 500 mètres, comme à Le Tour, on enregistre déjà 14 cm. Et selon seechamonix.com, les chutes pourraient dépasser 1 mètre depuis le 20 novembre. C’est une météo qui change tout : les pistes de la vallée, longtemps en souffrance, pourraient être opérationnelles plus tôt que prévu.
Les pistes ouvrent, mais pas encore toutes
Le Mont-Blanc Natural Resort annonce une ouverture partielle dès le 28 novembre, uniquement les vendredis, samedis et dimanches. Mais attention : ce n’est pas la pleine saison. Seuls les secteurs les plus élevés — Flégère (à partir du 29 novembre) et Brévent (le 13 décembre) — sont prêts. Le secteur de Les Houches n’ouvrira que le 6 décembre, avec une ouverture continue le 13. Et La Vormaine, le dernier à se réveiller, ne débute ses activités que le 20 décembre.
Le problème ? La neige n’est pas partout. À Chamonix ville, les pistes de base restent encore trop humides. Les remontées mécaniques doivent attendre que la couche soit suffisamment épaisse et stable. « La qualité de la neige est “fraîche” », note le bulletin du 22 novembre du Mont-Blanc Natural Resort, mais il n’y a eu aucun nouveau flocon ce jour-là. Une contradiction qui révèle la fragilité du manteau neigeux : il est lourd, humide, et parfois instable.
Un risque d’avalanches élevé — et un danger réel
La neige, c’est la joie des skieurs. Mais aussi la peur des secours. Selon seechamonix.com, le risque d’avalanches est actuellement « considérable à élevé » (niveau 3 à 4) sur les pentes raides orientées ouest, nord et est, en dessous de 2 800 mètres. Pourquoi ? Parce que la neige est humide. Elle ne s’assemble pas comme un gâteau sec, mais comme une pâte molle. Un poids supplémentaire — un skieur, une rame de remontée, ou simplement un nouvel apport de neige — peut faire basculer la couche entière.
Les avalanches de neige humide ne sont pas aussi spectaculaires que celles de neige poudreuse, mais elles sont plus fréquentes, plus lentes, et plus dangereuses pour les randonneurs et les skieurs hors-piste. Les secours ont déjà été mobilisés plusieurs fois cette semaine dans les vallées voisines. Les conseils sont clairs : évitez les pentes supérieures à 30 degrés, restez sur les pistes balisées, et ne sous-estimez pas la météo.
Des prévisions contradictoires… mais un constat unanime
Les prévisions divergent. Le site américain j2ski.com (mis à jour le 10 novembre) prévoyait des températures de 40°F (4°C) le 23 novembre — trop chaud pour de la neige. Le site britannique, lui, prédisait seulement 7 cm le 26 novembre. Mais ces chiffres sont obsolètes. Ce qui compte, c’est ce que les stations mesurent en temps réel : Météo France confirme une accumulation massive. Et Weather25.com prévoit huit jours de neige sur les quatorze prochains. Ce n’est pas une vague, c’est un raz-de-marée.
Le vrai indicateur ? Les habitants. À Chamonix, les commerçants ont déjà sorti les skis des entrepôts. Les guides de haute montagne ont reçu des appels de touristes désespérés de voir du blanc. Les employés des remontées mécaniques travaillent en double shift. Même les vendeurs de hot-chocolate ont augmenté leurs stocks.
Que se passera-t-il après la tempête ?
La neige tombe, mais la question n’est plus de savoir si elle tombe. Elle est là. La vraie question, c’est : combien de temps va-t-elle durer ? Les températures devraient rester en dessous de zéro jusqu’au 1er décembre, selon les modèles. Cela signifie que la neige va se tasser, se densifier, et devenir compacte — parfaite pour les pistes. Mais si un épisode de pluie ou de réchauffement survient avant le 15 décembre, tout pourrait s’effondrer.
Les gestionnaires du domaine skiable savent cela. C’est pourquoi ils ont planifié une ouverture progressive. Pas de risques. Pas de déception. Juste une stratégie : attendre que la neige soit suffisamment profonde, suffisamment stable, suffisamment belle.
Et si la météo continue comme ça ? Chamonix pourrait connaître sa meilleure ouverture depuis 2019. Peut-être même depuis 2015. Les skieurs attendent. Les enfants, eux, ont déjà dessiné leurs premiers flocons sur les fenêtres.
Foire aux questions
Pourquoi les prévisions météo sont-elles si contradictoires pour Chamonix ?
Les modèles météo varient selon leur source, leur résolution et leur date de mise à jour. Les prévisions américaines ou britanniques, souvent basées sur des données plus anciennes, ne capturent pas les phénomènes locaux comme le « retour d’Est ». Seules les stations locales de Météo France et les rapports de terrain comme ceux de seechamonix.com reflètent la réalité en temps réel.
Quelles pistes seront ouvertes en premier ?
Les secteurs les plus élevés ouvriront en premier : GRANDS MONTETS (déjà en neige), Le Couvercle, puis Flégère à partir du 29 novembre. Brévent et Les Houches suivront à mi-décembre. Les pistes en basse vallée, comme à Chamonix ville, ne seront pas opérationnelles avant le 13 décembre, car la neige y est trop fine et humide.
Le risque d’avalanches est-il réel pour les skieurs sur piste ?
Sur les pistes balisées, le risque est très faible : les remontées mécaniques sont sécurisées et les pentes sont surveillées. Mais en dehors des pistes, surtout sur les versants nord et est en dessous de 2 800 mètres, le risque est élevé. Les avalanches de neige humide peuvent se déclencher spontanément. Même les skieurs expérimentés doivent respecter les interdictions.
Pourquoi la neige à 1 000 mètres est-elle si importante ?
La neige à basse altitude crée les conditions pour une ouverture complète. Si elle s’accumule à plus de 20 cm à 1 000 mètres, comme prévu dans le Portes du Soleil, cela signifie que la couche de neige atteint les zones de départ des remontées. Sans cela, les pistes en vallée restent en terre, et les skieurs ne peuvent pas profiter de la totalité du domaine.
La saison 2025-2026 sera-t-elle meilleure que l’an passé ?
L’an dernier, Chamonix a ouvert avec seulement 30 cm de neige naturelle au GRANDS MONTETS. Cette année, on enregistre déjà 112 cm. Si la tendance se maintient, la saison 2025-2026 sera l’une des plus généreuses depuis 2019. Les skieurs pourraient profiter de 40 jours de neige naturelle en plus que l’année précédente.
Quand les touristes devraient-ils réserver leur séjour ?
Il est déjà temps de réserver. Les week-ends du 28 novembre au 7 décembre sont en forte demande, car ce seront les premiers jours d’ouverture. Les hôtels et les locations à Chamonix affichent déjà plus de 60 % de taux d’occupation. Pour une expérience optimale, privilégiez les semaines du 13 au 20 décembre, quand la quasi-totalité du domaine sera ouverte.