Thé dansant en costumes d'époque à Bourg-en-Bresse : 80 convives célèbrent la culture britannique
Le 11 novembre 2025, la English Cool a transformé la salle des fêtes de Bourg-en-Bresse en un salon victorien vivant. Quatre-vingts convives, vêtus de costumes d’époque, ont dansé au son d’un orchestre léger tout en savourant un high tea servi en début de soirée — une tradition britannique rarement vue en plein cœur de l’Ain. L’événement, organisé par une association locale dédiée à la promotion de la culture anglo-saxonne, a suscité un engouement inattendu, prouvant que les rites du thé et de la danse sociale trouvent encore un écho profond dans les villes de province.
Un mélange inattendu de raffinement et de convivialité
Le high tea, souvent confondu avec le afternoon tea, est en réalité un repas plus substantiel, servi vers 17h ou 18h, avec sandwiches, scones, tartes et, bien sûr, du thé noir fort. À Bourg-en-Bresse, ce n’était pas une simple dégustation : chaque assiette était servie sur de la porcelaine fine, les gants blancs étaient de rigueur, et les musiques de l’ère victorienne — du violon à la clarinette — flottaient dans l’air. Les convives, âgés de 25 à 82 ans, ont répondu présent : certains en tailleur d’époque, d’autres en redingote ou robe à corset, comme s’ils avaient débarqué d’un roman de Jane Austen.
« On ne s’attendait pas à autant de participation », confie une bénévole de English Cool, qui préfère rester anonyme. « On a vu des gens qui n’avaient jamais mis les pieds dans une salle de bal… et qui sont repartis en demandant quand on recommence. »
English Cool : une association qui fait parler d’elle
Fondée il y a cinq ans par une ex-pensionnaire britannique installée à Bourg-en-Bresse, English Cool organise depuis des ateliers de conversation en anglais, des soirées cinéma avec films sous-titrés, et des dégustations de biscuits et de gin. Mais cette soirée « thé dansant » marque une étape nouvelle : l’association a réussi à transformer une tradition de salon en événement communautaire grand public.
Le maire de Bourg-en-Bresse, Christophe Bouillon, a félicité l’association en personne. « C’est rare de voir autant de gens s’habiller pour un événement culturel. Ce n’est pas du théâtre, c’est de l’engagement », a-t-il déclaré. La salle des fêtes, habituellement réservée aux mariages et aux comices agricoles, a été transformée en lieu de mémoire vivante — les murs, les lustres, les nappes brodées : tout contribuait à l’illusion.
Un phénomène qui dépasse les frontières du département
Les participants venaient non seulement de Bourg-en-Bresse, mais aussi de Mâcon, de Lyon et même de Genève. Des groupes de reconstituteurs historiques ont fait le déplacement. Un couple de retraités de Saint-Étienne, vêtus en 1910, a même apporté son propre théière en argent, « comme à l’époque où on buvait le thé en famille, sans téléphone ». Le succès de l’événement a été salué par Le Progrès le 14 novembre, qui a qualifié la soirée de « moment rare de douceur et d’authenticité dans un monde numérique ».
Les organisateurs estiment que l’engouement pour ce type d’événement reflète une quête de lenteur, de convivialité et de lien social — des valeurs que les réseaux sociaux ne peuvent plus offrir. « On ne danse pas pour Instagram ici », dit une participante en ajustant son chapeau. « On danse pour se souvenir que la vie, parfois, se vit en silence, avec une tasse de thé et une main tendue. »
Que se passera-t-il après ?
English Cool a déjà annoncé un deuxième « thé dansant » pour le 14 mars 2026, cette fois avec un thème « Années 1920 » et un orchestre de jazz. Une réservation en ligne a été ouverte : 300 places sont disponibles, et 120 ont déjà été prises en 48 heures. La municipalité envisage d’officialiser l’événement comme « manifestation culturelle annuelle ».
Les associations voisines, comme « La Maison du Royaume-Uni » à Lyon, ont déjà demandé à copier le modèle. Un professeur d’histoire à l’université de Bourgogne a déclaré : « Ce n’est pas une simple reconstitution. C’est une forme de résistance culturelle — un retour aux gestes lents, aux objets précieux, aux relations humaines tangibles. »
Un héritage vivant
Le thé dansant, originaire de l’Angleterre du XIXe siècle, était autrefois un lieu de rencontre entre classes sociales, où les jeunes filles pouvaient danser sous surveillance — un rituel de courtoisie et de discipline. Aujourd’hui, à Bourg-en-Bresse, il devient un espace de liberté : où l’on peut porter une robe de 1890, danser avec un inconnu, et oublier le monde extérieur pendant deux heures. Ce n’est pas du passé qui revient. C’est du présent qui s’inspire du passé — et qui le rend vivant.
Frequently Asked Questions
Qu’est-ce qu’un thé dansant, et pourquoi est-il rare en France ?
Un thé dansant est une réunion sociale où l’on sert du thé et l’on danse, typiquement dans un cadre élégant et parfois historique. En France, ce rituel est peu courant car la culture du thé est moins ancrée que celle du café, et les danses sociales ont presque disparu après les années 1970. L’événement de Bourg-en-Bresse est exceptionnel car il combine tradition britannique, costume d’époque et participation populaire — une formule inédite dans la région.
Qui est English Cool, et quel est son rôle dans la région ?
English Cool est une association locale fondée il y a cinq ans à Bourg-en-Bresse, principalement par des expatriés britanniques et des passionnés de culture anglo-saxonne. Elle organise des ateliers linguistiques, des soirées cinéma et des événements culturels autour du thé, du football anglais ou des fêtes de Noël britanniques. Son succès grandissant montre un intérêt croissant pour les traditions étrangères, loin des clichés touristiques.
Pourquoi les costumes d’époque ont-ils tant marqué les participants ?
Les costumes d’époque ont créé une immersion totale, transformant la salle des fêtes en un lieu hors du temps. Pour beaucoup, mettre un corset ou une redingote n’était pas un jeu, mais un acte de respect pour une époque où la courtoisie et l’élégance étaient des valeurs. Ce n’était pas du déguisement — c’était une forme de réenchantement du quotidien, très rare dans nos sociétés hypermodernes.
Le succès de cet événement pourrait-il inspirer d’autres villes en France ?
Absolument. Déjà, Lyon et Dijon ont contacté English Cool pour organiser des événements similaires. Le modèle est reproductible : il suffit d’un lieu, d’un thème, d’un peu de raffinement et d’un fort engagement communautaire. Ce n’est pas un événement coûteux — les coûts ont été couverts par les participations et des partenariats locaux. Ce qui compte, c’est la volonté de créer du lien, pas de la performance.
Y a-t-il un lien entre ce thé dansant et les mouvements de « slow life » ?
Oui, et c’est peut-être la clé de son succès. Dans un monde où tout va vite — notifications, algorithmes, pression — ce thé dansant offre un ralentissement volontaire : des gestes lents, des conversations réelles, une musique en direct. Ce n’est pas du rétro, c’est du réconfort. Les participants parlent de « respiration » et de « paix retrouvée ». C’est ce que les mouvements du slow life cherchent à rétablir : du sens, du toucher, du temps.
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