Fracture de la gauche : Nathalie Coggia (Renaissance) l'emporte aux législatives partielles du 12 octobre 2025

Le dimanche 28 septembre 2025, l'élection législative partielle de la 5e circonscription des Français de l’étranger – qui rassemble l’Espagne, le Portugal, l’Andorre et Monaco – a mis en lumière les fractures de la gauche française. Lorsque Nathalie Coggia, candidate du Renaissance, a annoncé sa candidature, le contexte était déjà chargé par l’invalidation du précédent député, Stéphane Vojetta, par le Conseil constitutionnel. La décision, rendue en juin 2025, a déclenché la tenue d’un second tour qui allait décider du futur de ce petit coin électoral.
Contexte et déclenchement de la nouvelle élection
Stéphane Vojetta, élu en 2022 sous l’étiquette Ensemble pour la République, a été déclaré inéligible pour des irrégularités liées à la campagne électorale. Le Conseil constitutionnel, au regard de la loi du 9 mars 2022, a donc prononcé la vacance du siège le 15 juin 2025. La circonscription, habituellement calme, a alors vu s’activer une ribambelle de candidats, dont la plupart provenaient de la gauche.
Le premier tour, prévu le 28 septembre, a attiré à peine 17,02 % des électeurs inscrits – 2,55 % aux urnes physiques, 14,45 % en ligne et 0,02 % par correspondance. Au total, 32 bureaux de vote répartis sur 22 sites ont été ouverts, mais l’engouement était clairement limité.
Premier tour : une gauche éclatée
Voici le tableau des résultats du premier tour :
- Nathalie Coggia (Renaissance) – 26,4 % des suffrages exprimés.
- Martha Peciña, porteuse de la La France insoumise soutenue par les écologistes – 15,8 %.
- Guillaume Horn, représentant le Parti socialiste – 9,4 %.
- Johan Chermette‑Wagner, candidat de Place Publique, le mouvement de Raphaël Glucksmann – 8 %.
- Les autres douze candidats ont partagé les 40 % restants.
Le choc, c’est que la gauche ne s’est pas présentée sous une bannière commune. En 2024, le Nouveau Front populaire (NFP) avait allié La France insoumise, le Parti socialiste et Place Publique derrière Maxime Da Silva. Cette fois‑ci, chacun a pris son pavé : Martha Peciña a remplacé Da Silva, tandis que Horn et Chermette‑Wagner ont couru séparément. Le leader de LFI, Jean‑Luc Mélenchon, a même fait un tour éclair dans les villes espagnoles pour soutenir Peciña, soulignant le caractère symbolique du scrutin pour la gauche.
Second tour : la victoire de Renaissance
Le dimanche 12 octobre 2025, le second tour s’est déroulé sous un climat plus sobre. Nathalie Coggia, qui menait déjà au premier tour, a consolidé sa position et a remporté « très largement » face à Martha Peciña. Les résultats officiels, publiés le 13 octobre, indiquent une participation légèrement supérieure, à 18,1 %, et une marge de victoire de plus de 12 points. Cette victoire confirme que la droite présidentielle conserve la circonscription, malgré la débâcle intérieure de la gauche.
Le même jour, une autre législative partielle s’est tenue dans la première circonscription du Tarn‑et‑Garonne. Pierre‑Henri Carbonnel, suppléant de Brigitte Barèges et candidat de l’UDR‑Rassemblement national, a été élu avec 52 % des suffrages. Aucun des deux scrutins n’a donc changé l’équilibre des forces à l’Assemblée nationale.
Réactions des partis et des leaders
L’annonce des résultats a déclenché une série de réactions sur les réseaux. Éric Ciotti, président du groupe UDR à l’Assemblée, a tweeté que le gain dans le Tarn‑et‑Garonne « traduit l’avènement de l’union du peuple de droite ». De son côté, Marine Le Pen, cheffe du RN, a écrit que les électeurs « gardent les idées claires » et que « l’alternance est inéluctable », rappelant les tensions entre le système traditionnel et les mouvements populistes.
Du côté de la gauche, les analyses sont plus nuancées. Un porte‑parole du PS a admis que la dispersion des candidatures a « fragilisé l’impact de la gauche », tandis que les militants de LFI dénoncent une « stratégie de division imposée par les élites de la coalition ». Raphaël Glucksmann, quant à lui, a déclaré que Place Publique devait « repenser sa manière d’allier forces vives et ambitions locales ».
Impacts sur la vie politique française
Cette petite élection, à première vue anodine, porte un éclairage surprenant sur la dynamique nationale. D’une part, elle montre que la droite présidentielle reste capable de mobiliser les Français de l’étranger, même dans des circonscriptions à faible participation. D’autre part, la fragmentation de la gauche témoigne d’une crise de leadership qui pourrait se répercuter sur les prochaines échéances européennes et locales.
Les observateurs soulignent aussi la montée du vote en ligne – 14,45 % du premier tour – qui pourrait redessiner les stratégies de campagne, notamment dans les zones géographiques dispersées comme les circonscriptions d’expatriés.
Perspectives et prochains défis
Au Parlement, Nathalie Coggia rejoindra le groupe Renaissance, où elle devrait se concentrer sur les questions de mobilité des Français de l’étranger et de coopération transfrontalière. De son côté, Martha Peciña prévoit de rester active au sein de La France insoumise, en insistant sur la nécessité d’un nouveau pacte de gauche.
Les prochains mois seront décisifs : la gauche devra choisir entre persévérer dans la fragmentation ou reconstruire une alliance semblable à celle du NFP. Le gouvernement, quant à lui, devra tirer parti de la stabilité obtenue dans ces deux circonscriptions pour pousser son agenda législatif avant la prochaine dissolution prévue en 2027.
- 28 septembre 2025 : premier tour, 17,02 % de participation.
- 12 octobre 2025 : second tour, victoire de Nathalie Coggia (Renaissance).
- Contexte : vacance du siège suite à l’invalidation de Stéphane Vojetta.
- Principaux acteurs : Renaissance, La France insoumise, Parti socialiste, Place Publique.
- Implication : démonstration de la fragmentation de la gauche et de la solidité de la droite présidentielle.
Questions fréquentes
Comment la faible participation a‑t‑elle influencé le résultat ?
Avec seulement 17 % de participation au premier tour, les électeurs les plus mobilisés ont eu un poids disproportionné. Le vote en ligne, qui a représenté plus de 14 % du total, a surtout favorisé les campagnes numériques de Renaissance, qui disposait d’une structure de communication plus homogène.
Quelles sont les raisons de la désunion au sein de la gauche ?
Après la mise en place du Nouveau Front populaire en 2024, les accords entre La France insoumise, le Parti socialiste et Place Publique se sont détériorés. Des divergences sur la stratégie de campagne, les priorités écologiques et les propositions d’alliance ont conduit chaque parti à présenter son propre candidat, diluant ainsi les voix.
Quel impact cette élection a‑t‑elle sur le groupe Renaissance à l’Assemblée ?
La victoire de Nathalie Coggia maintient le nombre de sièges du parti au sein du groupe Renaissance, assurant ainsi la continuité de son influence sur les dossiers liés aux Français de l’étranger et aux projets transnationaux. Cela renforce également le moral du parti après plusieurs revers régionaux.
Quelles sont les prochaines échéances électorales qui pourraient affecter cette dynamique ?
Les élections européennes de 2029 et les élections municipales de 2026 seront les prochains grands tests. La capacité de la gauche à se rassembler ou à rester fragmentée déterminera son poids dans ces scrutins, tandis que Renaissance cherchera à consolider son emprise dans les circonscriptions d’expatriés.
Comment les candidats ont‑ils pu déposer leurs candidatures après le premier tour ?
Les candidats qualifiés ont disposé jusqu’au 30 septembre 2025 à 18 h heure de Paris pour déposer leurs dossiers auprès du ministère de l’Intérieur, conformément aux règles de la commission électorale de recensement qui a validé les résultats le 29 septembre.
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