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Les enjeux business d'une absence des Lions Indomptables à la CAN 2013

● Ce ne fut pas finalement un tête-à-tête comme cela fut annoncé ici ou là. Ils étaient cinq. À la une d'un grand quotidien national, l'on voyait Jean-Paul Akono (coach), Samuel Éto'o (capitaine), Philémon Yang (PM), Rigobert Song (Team manager) et Adoum Garoua (MINSEP) posés côte à côte, le sourire aux lèvres.


Nguemo, Song et Njitap à la CAN 2010 en Angola © Getty Images

Il semble donc qu'ils aient décidé de s'unir, de se réunir et de mobiliser leurs énergies vers la quête de ce que nombreux de Camerounais, amoureux du ballon rond, considéreraient actuellement comme le Saint Graal : une qualification à la prochaine Coupe d'Afrique des Nations. Pour d'autres cependant, rien ne serait plus intéressant et pertinent pour le pays des Lions Indomptables (LIC) qu'une non-participation à la coupe du monde, car avancent-ils, nous serions obligés de nous regarder tels que nous sommes désormais et rectifier le tir. Alors que peu s'y penchent, prenons le temps, de nous appesantir sur les enjeux qui entoureraient une non-participation des LIC à la prochaine CAN sud-africaine.

L'absence, créatrice d'un choc psychologique

Cependant, prenons, au préalable, le temps d'exposer les arguments des partisans d'une absence des Indomptables du football. Ils sont sûrs d'eux et ont le propos sentencier : une défaite, c'est ce qu'il nous faut ! Ils soutiennent mordicus que c'est le seul moyen de créer un choc psychologique au sein de cette équipe et au niveau de la FÉCAFOOT. Ils ajoutent que cela permettrait enfin, parce que ce sera la deuxième absence d'affilée à une CAN, d'aller au fond des problèmes qui minent le football au pays de Roger Milla. À quoi servira une participation à la CAN à l'issue de laquelle nous sortirions en quart de finale, pis, au premier tour, questionnent-ils.

Les enjeux business d'une non-participation

De l'autre côté, et j'en fais partie, il y a ceux qui pensent que pour toute sorte de raison, il est ni acceptable, ni envisageable que les Lions Indomptables, durant deux éditions consécutives, soient absents du plus grand tournoi continental. Le Cameroun serait-il encore le Cameroun ?

De plus, de mon point de vue, il me semble que sur un plan purement business, l'équipe nationale de football qui est, aussi en réalité une entreprise, je voulais dire, une organisation, gagnerait à prendre part au tournoi sud-africain. Explorons les enjeux aux niveaux marketing, financier et ressources humaines.

Marketing. Ce seul champ devrait suffire à confondre tous les sceptiques. Quel sponsor de haut niveau serait encore prêt à miser, sans hésiter, sur une équipe qui annule les matches amicaux à la dernière minute et étale ainsi son criant manque de professionnalisme ? Une équipe sportive qui n'est capable de performer dans la durée ? Qui voudra associer son image, sa marque à des Lions devenus chats-tigres, qui ne cessent de dégringoler dans le classement FIFA ? Qui voudra donc sponsoriser une équipe qui ne participe même pas à la CAN ? Aucune entreprise sérieuse. Les équipes du monde entier voudront-elles encore avoir la prestigieuse sélection camerounaise comme sparring partner ?

Financier. Et de fait, plusieurs éléments mentionnés plus haut conduisent à penser que cette série de mauvaises performances est préjudiciable pour les Indomptables du football.

Ressources Humaines. À l'occasion de son passage à Montréal, où il a été fait Citoyen d'honneur, Joseph Antoine Bell confiait à Venant Mboua que c'est toute une équipe qui gagne la Coupe du monde. Il voulait dire qu'au-delà des joueurs, les coaches, le staff médical, les cuisiniers, bref, au-delà des footballeurs, tous ceux qui prennent part à leur aventure sont décisifs pour la conquête de la victoire finale. Il me semble qu'avec la garde montante qui est nôtre (Nkoulou, Matip ou Choupo Moting), nous gagnerions à participer à cette compétition. Les RH de l'entreprise Cameroun ont besoin de glaner de l'expérience, ils ont besoin de vécu pour plus tard gagner des titres tant pour leur pays, et donc faire la prospérité de l'organisation. De l'autre côté, des responsables à des postes clés comme Rigobert Song, le team manager, doivent eux aussi, car c'est toute l'équipe qui gagne, acquérir de l'expérience. Ce sera la première fois qu'il assumera cette fonction dans le cadre d'une compétition de cette envergure.

Notons en définitive que certains économistes ont tenté d'établir un lien entre les grandes victoires sportives et l'impact sur l'économie. Les conclusions sont diverses et discutables mais certains affirment, même si cela n'est pas substantiel, que les moments d'extase sportive ont une conséquence positive sur la croissance économique.

Je souhaite donc vivement que les Indomptables du football se qualifient car, autrement, nous aurions beaucoup à perdre. Il faut le reconnaître aucun des supporters des Lions n'est plus patriote que l'autre, qu'importe qu'il soit partisan d'une défaite ou alors d'une qualification. Mais nous sommes obligés de nous poser la question : n'est ce pas le début d'un renoncement, d'une résignation, d'un refus d'excellence dangereux pour tout grand pays ? Imaginer, intérioriser et accepter que le Cameroun soit absent durant deux CAN successives, n'est ce pas grave ? Demain, n'accepterons-nous pas – si ce n'est déjà le cas – que les Camerounais soient « maltraités » dans la zone CÉMAC ? Qu'un Président de la Commission, non moins ressortissants du pays des Indomptables, soit refoulé du pays dans lequel l'institution qu'il dirige est placée ? Bref n'est ce pas l'aveu de la mort de notre âme conquérante ?

Joseph Achille Mbembé l'avait mieux dit que moi à l'issue de la Coupe du monde 2010 : le foot est comme le reste. C'est pourquoi je m'interdis d'imaginer les Lions absents de l'expédition sud-africaine, car en ces temps de mondialisation, où l'Afrique devra jouer un rôle majeure dans l'économie mondiale, il est important d'avoir un peuple conquérant, un peuple d'Indomptables dans le football comme dans l'économie, un peuple habité par ce qu'un illustre contemporain a a magnifiquement désigné LE LION'S SPIRIT.

Allez les Lions !

Serge TCHAHA

Titulaire d'un MBA, l'auteur est chroniqueur et essayiste. Son dernier livre paru chez l'Harmattan et préfacé par A. Diouf s'intitule : LA FRANCOPHONIE ÉCONOMIQUE –Horizons des possibles vus d'Afrique. Cette chronique est aussi parue dans le Quotidien de l'économie du vendredi 28 septembre 2012

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