21 Janvier 2012

● Réaliser un concert géant nécessite souvent plusieurs mois de préparation intense. Il me souvient qu’accueillir Paul McCartney, pour le 400e anniversaire de la ville de Québec, avait nécessité une mobilisation pour la logistique impressionnante. Il fallait distribuer quelque 100 000 billets gratuits, penser à la planification de la sécurité, noliser des autobus afin que la circulation des personnes soit plus aisé… Bref, c’était un défi imposant.

Le stade de l'Amitié à Libreville © Getty Images

Il est clair dans cette logique là que la réalisation d’une compétition internationale sur deux pays, qui se déroule sur 4 villes-sites, est un défi sur le plan de la logistique d’une autre nature.

En effet, le management de l’organisation outre les dizaines de millions de dollars nécessaires pour les infrastructures, en dehors des efforts marketing à effectuer pour attirer les visiteurs et les spectateurs, en plus du recrutement et de la formation des ressources humaines (y compris les bénévoles), il y a la logistique.

Cette fonction de gestion est absolument centrale dans un projet de cet envergure depuis le dépôt de la candidature jusqu’au coup de sifflet final.

Cette Logistique dans le cadre de la présente CAN s’est déclinée sur plusieurs plans. Permettez nous de l’envisager dans le cadre de ce papier sous les points suivants : infrastructures, transports aériens ferroviaires et terrestres, diplomatie (délivrance de visa) et sécurité.

Dans une entrevue accordée  à Jeune Afrique et menée par Georges Dougueli, à Paris le 22 décembre 2012, le porte parole du Comité d’organisation de la CAN (COCAN), monsieur Louis Claude Moundziekumbe a apporté une série de réponses éclairantes sur ces sujets.

J’ai choisi de vous présenter les extraits les plus essentiels.   

Au niveau INFRASTRUCTURES (hôtels, stades, santé, etc.)

« L’État gabonais a construit 8 hôtels réservés essentiellement aux délégations. C’est pour désengorger le parc déjà existant et le renforcer. Le recensement que nous avons fait nous offre une capacité de 4500 lits sur la région de Libreville aussi bien dans les hôtels que dans les appartements que nous avons recensés et qui offrent toutes les commodités pour accueillir les populations CAN et il y a une capacité de 2000 lits dans la région de Franceville ». On peut ajouter à cela, selon le gouvernement gabonais, que 14 nouvelles ambulances et 2 hélicoptères d’intervention rapide de réanimation pour Libreville et Franceville. De plus 3 échangeurs ont été construits pour faciliter la circulation dans la capitale gabonaise.


Au niveau TRANSPORTS AÉRIENS, FERROVIAIRES ET TERRESTRES

« L’État gabonais a acquis 3 aéronefs de type 737 CA et ils ont été mis entièrement à la disposition du COCAN pour assurer le transbordement des populations entre les 4 villes-sites de la compétition à savoir entre Libreville et Franceville et entre Bata-Malabo. Au plan du transport terrestre, il y a des navettes. La société des transports publics SOGATRA a renforcé son parc automobile. 120 nouveaux bus ont été acquis par l’État gabonais. La Compagnie de Transport ferroviaire a acquis de nouvelles locomotives et de nouvelles voitures. Elles assureront le transport des populations CAN entre Libreville-Franceville. Les trains spéciaux pour la CAN partiront de Libreville 3 heures après la fin du match de Libreville pour aller vers Franceville.  ».


Au niveau DE LA DIPLOMATIE (délivrance des visas)

« Le Gabon et la Guinée équatoriale, lorsqu’ils sollicitaient la co-organisation de cette compétition avaient dit à la CAF qu’il y aura un visa unique pour la compétition. Dès la semaine prochaine (ndlr : cela correspond à la semaine du 26 décembre), ce visa unique circulaire d’une validité de 45 jours sera disponible dans les ambassades du Gabon. Là où le Gabon n’a pas d’ambassade, il va avoir des délégations spéciales qui vont aller pour délivrer le visa spécial CAN aux supporters qui veulent venir pour la Coupe d’Afrique des Nations. Et là où le Gabon n’est pas représenté, il y a des vieux accords que nous avons avec la France. Les représentations françaises délivreront ce visa aux populations qui veulent venir. »


Au niveau DE LA SÉCURITÉ

« Toutes les délégations seront sécurisées. Tous les sites officiels seront sécurisés. Et les délégations officielles vont bénéficier d’escortes. Les hôtels des journalistes seront sécurisés. Nous avons mis en place un programme qui a été approuvé par la CAF, qui a reçu également le concours de l’Agence Internationale pour l’Énergie Atomique pour ce que l’on appelle les bombes sales. Figurez-vous, la CAN du Gabon, ceux des fumeurs auront quelques difficultés puisqu’à l’entrée des stades, selon les normes de sécurité qui seront mises en vigueur, on n’entrera pas dans le stade avec son briquet ou sa boîte d’allumettes. ». Dans le dossier spécial préparation de la CAN réalisé par nos confrères de Mutations, parution du 30 novembre 2011, le Président de la Commission sécurité ajoutait ceci : « il faut donc mettre en place un dispositif qui protège tous les acteurs pendant leur séjour au Gabon. Il s’agit d’offrir un accueil et un retour sécurisés avec plus de fluidité. Ces mesures contraignantes sont celles qu’impose le cahier de charge; pour garantir le succès de l’évènement les spectateurs, tous les acteurs et les riverains doivent se les approprier. ».  

Les gestionnaires de ce type d’évènement doivent donc posséder des qualités reconnues en planification. Car, en vérité, contrairement à ce que je disais plus haut, même l’après doit être planifié à l’avance parce qu’en construisant les stades, en érigeant de nouveaux hôtels, on doit à l’avance penser à quoi ils serviront car il en va de la définition de leur dimension.


Serge TCHAHA, MBA – International Business
Chroniqueur économique

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