By A Web Design

● Il fut un temps où on ne se questionnait même pas sur la technique et le mental des Lions Indomptables. Aujourd'hui, tout est sujet à une remise en question et à bien y regarder, nos sélections les plus valeureuses regorgeaient de joueurs bien "installés" dans leur tête et dans leur corps.


Le Canon Sportif de Yaoundé en 1979. Intraitable ! © DR

La maturité est essentielle en toutes choses et signifie avoir atteint le plein potentiel de son développement et le laisser s'exprimer dans le cadre d'une organisation normalement constituée. C'est également savoir apprendre de ses erreurs en cas d'échec et se renouveler sans cesse.

Au cours des années fastes du football camerounais, nous bénéficions d'un groupe "locomotive" de quatre ou cinq clubs qui se disputaient les honneurs du championnat d'élite du pays et de la Coupe du Cameroun. Aguerris, on retrouvait ensuite le Canon et le Tonnerre de Yaoundé ou encore l'Union de Douala au sommet de la hiérarchie africaine avec des victoires épiques. Leurs sociétaires n'étaient non plus partis de rien puisqu'originant des championnats inter-quartiers, inter-classes et même des championnats de l'Organisation du sport scolaire et universitaire du Cameroun, les fameux OSSUC !

La qualité de ces joueurs parvenus à un très haut niveau poussait donc naturellement à l'émulation et le reste de la caravane animait sans complexe les compétitions nationales. Il n'était donc pas surprenant que les Dynamo, PWD, Foudre, Lion, Léopard, Caïman, Racing, Unisport, Dihep ou encore Rail FC et Diamant, en vinrent à titiller le peloton de tête.

Résultat des courses, de ces clubs sortaient généralement le noyau dur des Lions Indomptables avec un fort contingent du Canon Sportif de yaoundé et de l'Union de Douala. La pente ascendante de 1982 au sommet mondial de 1990 résulte de cette en mise en condition de nos internationaux.

Avec un statut officiel d'amateurs, c'étaient en fait des professionnels qui ne disaient pas leur nom avec en plus, un talent insolent. Ces joueurs là n'avaient pas vraiment besoin de plus de motivation que celui de porter le maillot national avec des primes conséquentes à la clé. Véritables stars et gâtés sur le plan personnel et financier par de vrais mécènes, les sirènes du professionnalisme les ont happés tard dans leur carrière. En dehors des cas Roger Milla, Paul Bahoken, Ibrahim Aoudou, Grégoire Mbida, Thomas Nkono ou Joseph Antoine Bell, le gros de la troupe "travaillait" au Cameroun.

Cohérence et cohésion doivent aller de pair

Le retour des Lions en grâce dans les années 2000 résulte un peu de cette même dynamique. Une confrérie de joueurs marqués par les joutes du championnat camerounais et conscients des enjeux entourant leur appel sous le drapeau.

Cette cuvée, composée de rescapés de l'aventure foireuse du Mondial 94 et du coche manqué de 1998, a su transformer les essais des CAN 2000 et 2002 et secouer bien de certitudes sur le plan mondial à la Coupe des Confédérations en 2003.

Curieusement, c'est après cette épopée et la disparition tragique de Marc-Vivien Foé que les Lions Indomptables se sont de nouveau mis à insulter leur héritage. Conséquence d'un double impair sur l'organisation générale de notre football et d'un manque flagrant de cohésion dans les rangs. À cela on rajoutera les mauvais choix de techniciens chargés de la remise sur pied du sport-roi dans le triangle national.

Pour la suite, la parenthèse de 2008 devrait être mise sur le compte d'une conjoncture exceptionnelle avec une mayonnaise montée de toutes pièces et regorgeant de guerriers revanchards. Ces derniers ne pourront cependant rien à Accra contre une Egypte conquérante et bien assise sur un collectif de premier plan.

Aujourd'hui, le championnat national Elite One est dominé par Coton Sports Fc de Garoua, mieux organisé et bien structuré. De ses rangs et des multiples autres centres de formation qui pullulent au pays, sortent des joueurs de talent qui, encore tendres, vont rapidement poursuivre leur carrière à l'étranger. Des footballeurs dont 90% disparaîtront des radars. Et pour cause...

Ceux qui réussissent à percer appartiennent pour la plupart à des équipes de second plan qui se battent soit contre la descente en divisions inférieures soit pour rejoindre l'élite de leurs ligues respectives. Ce sont ces "ambassadeurs" de notre football qui, joints à des bi-nationaux fiers de leur héritage paternel, doivent de nouveau faire briller les couleurs nationales.

Mission difficile puisqu'ils n'ont pas encore atteint cette phase de croissance qui en font des éléments de pointe, des joueurs décisifs. Ce ne sont malheureusement pas la présence des Alexandre Song et Samuel Eto'o ou Carlos Kameni qui permettront d'atteindre une bonne vitesse de croisière avant les échéances de la CAN 2013 et du Mondial 2014.

À moins que l'on ne trouve un véritable alchimiste qui pourra, comme les Schnittger, Fobété, Nséké, Ottou, Ridanovic, Branko, Weigang, Leroy, Lechantre ou encore Jorge, redonner - le temps d'un sursaut - un semblant de cohésion à un groupe dont les réussites sont garantes de la relance de notre football. Ou alors que l'on ne tombe définitivement dans le fond pour tout refonder.

Dans tous les cas, cette dernière option sera certainement nécessaire à moyen terme...

Léopold Nséké

Tags:

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

LE MOT DE LA RÉDACTION

DU TAC AU TACKLE

VOS COMMENTAIRES

AILLEURS SUR LE WEB

NEWSLETTER

Inscrivez-vous à notre NEWSLETTER et recevez le meilleur de l'information sur le football camerounais. Faits, analyses et opinions.

LECTURES