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"On ne joue pas au football pour courir, on court pour jouer", Jean-François Larios

● C'est par cette réplique assassine que l'ex-international français avait tempéré les ardeurs de l'Écossais Andy Lynch, entraîneur du Manic de Montréal pour lequel le Stéphanois faisait une pige en 1983. Bien avant cette polémique, le conditionnement physique et l'aisance technique se sont très souvent disputés les faveurs des coachs.


Brazil 1974. Le pire collectif Auriverde de l'histoire © DR

Aujourd'hui, la tendance s'est remise du côté de l'endurance aérobique. Ce qui signifie que les centres de formation et autres officines plus ou moins officielles du pays, développent une filière de talent athlétique. Avec le traître argument qui nous révèle pompeusement que c'est ce qu'il faut pour prétendre faire du football un métier.

Non seulement cela est faux, mais ça ne vient dénaturer complètement le football qui, par essence, reste et demeure un jeu. Or pour jouer, il faut être habile et réfléchir comme dans toutes les autres joutes où l'on fait appel à la stratégie. Bien entendu, muscler son style et marcher sur ses adversaires est une stratégie en soi. Il n'en demeure pas moins que cela ne concourt pas vraiment à disposer d'un groupe conquérant mais plutôt d'une collection d'althérophiles.

J'entendais à un colloque sur le football, un des fossoyeurs de cette discipline sacrée asséner avec aplomb : " Depuis une trentaine d'années, le football a connu une césure avec le courant traditionnel du spectacle pour répondre aux caractéristiques de la mondialisation et de la victoire". Rien de moins. Toujours la même rangaine usée des "évolutionnistes".

Non seulement on fausse donc la nature du football, mais on inscrit dans la mémoire des jeunes la fausse perception que le conditionnement physique les tirera d'affaire dans un contexte hautement concurrentiel. Entre un joueur disposant outrageusement de ce que les spécialistes appellent PAM (Puissance aérobique maximale) et un autre possédant un potentiel technique d'exception et une capacité anaérobique moyenne, le second fera toujours une meilleure carrière. Cela parce que l'anaérobie combine sprints et courses rapides (30 à 45% des phases de jeu les plus importantes) alors que l'aérobie suppose une capacité de fond (courses lentes et marche rapide).

Emmanuel Ndoumbe Bosso, l'un des techniciens camerounais les plus brillants du moment, le rappelait si bien : "Dans un match, il faut savoir aller à la conquête du ballon et s'en servir intelligemment quand on le possède".

Combiné à un véritable projet de développement, ces choix physiques permettent aux clubs de disposer d'un argument qui transcende les époques. Aussi, quelques entraîneurs "physiques" ont remporté des victoires sans appel mais on remarquera que ces "tricheurs" se sont toujours assurés d'avoir dans leur collectif un bijou auquel était permis toutes les figures artistiques.

Ce qui fait qu'à travers les générations, l'alibi du conditionnement a prévalu mais très vite, tous ont été rattrapés par le football réel, immuable dans sa pratique depuis des décennies. Et tant que le schéma réglementaire demeurera le même, l'aisance, la pratique balle au pied seront les meilleurs arguments pour prétendre au succès. Quand on veut échapper à des évidences, la réalité rattrape assez vite.

L'exemple le plus tragique est la faillite honteuse du Brésil au Weltmeisterschaft 74 en Allemagne au cours duquel le champion du Monde en titre présenta un groupe proprement défiguré qui ne se recomposera qu'avec la montée de la génération Zico en 1978 et qui fit rêver jusqu'en 1982. La suite est un simple bégaiement de l'histoire comme toujours.

Loin de nous le fait de nier que l'exécution de toutes les combinaisons et stratégies possibles commandent une condition physique impeccable. Il faut simplement savoir que l'intelligence respectera toujours mieux l'esprit que le corps.

"Le ballon va plus vite que l'individu". Si cette dernière maxime ne réussit pas à nous convaincre, il va falloir choisir une autre discpline, surtout individuelle. Mais là encore, ne devient pas marathonien qui veut.

Léopold Nséké

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