Les téléspectateurs français ont de quoi se réjouir : lors du festival Séries Mania Lille, du 15 au 22 mars 2024, les grandes chaînes et plateformes ont dévoilé leur feuille de route pour 2025. Pas de vague, pas de bluff : 20 séries sont annoncées, dont sept coproductions internationales, et des dates précises pour le premier semestre. C’est une année qui s’annonce comme l’une des plus riches depuis des années — avec des fictions qui mêlent polar, drame politique, comédie noire et réécritures audacieuses.

Des fictions qui font parler d’elles avant même la diffusion

La série Surface, produite par Le Bazar de la Charité et portée par Laura Smet et Tomer Sisley, fait déjà l’unanimité. Inspirée du roman d’Olivier Norek, elle raconte l’histoire d’un village englouti sous les eaux, un cadre à la fois poétique et angoissant. « Les astres semblent réunis », résume TV Mag du Figaro. Pas de doute : ce n’est pas une simple série policière. C’est un événement visuel, presque cinématographique, avec une ambiance de conte moderne sombre.

En parallèle, George Clooney fait son entrée dans le paysage français avec The Agency, remake américain du culte Bureau des légendes. Avec Michael Fassbender et Hugh Bonneville, et la révélation Fabien Frankel (de House of the Dragon), cette série promet une tension diplomatique à couper le souffle. Pourquoi ça marche ? Parce qu’elle ne copie pas — elle réinvente. Le ton est plus américain, mais l’âme reste européenne. Et ça, les fans le sentent.

Les dates clés du premier semestre 2025

La course aux lancements commence dès le 5 janvier avec Playing Nice sur ITV1 au Royaume-Uni — une série britannique qui, malgré son origine, sera largement suivie en France. Le 6 janvier, TF1 dévoile Erica, un thriller psychologique attendu depuis des mois. Le lendemain, France 2 lance Made in France, une comédie romantique qui pourrait bien devenir le nouveau rendez-vous familial du dimanche soir.

Le 24 janvier, c’est le jour J. Netflix sort deux séries françaises en même temps : Super Mâles, une comédie de 32 minutes sur la masculinité à la française, et Désordre public, un drame policier violent et réaliste. En parallèle, Disney+ diffuse Garde partagée, une comédie espagnole qui, selon les premiers retours, est aussi drôle que décalée. Et ce n’est pas fini : Blind Spot, thriller suédois, débarque aussi sur Prime Video le même jour. La concurrence est féroce — et les téléspectateurs gagnent.

Les pépites françaises à ne pas manquer

Si les coproductions attirent l’œil, c’est bien la production française qui fait le cœur. Dans l’ombre, thriller politique écrit par deux anciens ministres, avec Swann Arlaud dans le rôle d’Édouard Philippe, est une bombe à retardement. On y voit les coulisses du pouvoir, les mensonges d’État, les alliances de circonstance. C’est du House of Cards à la française — mais avec plus d’humour noir et moins de pompe.

Et puis il y a Soleil Noir. Attendue pour septembre 2025, cette série de Ayden Casse (qui joue aussi le héros) suit Gaby, un ancien caïd sorti de prison, qui tente de reprendre son empire entre trahisons et vengeance. 30 minutes par épisode, un ton brut, des dialogues en argot parisien — c’est du Furies de Netflix, mais en version encore plus sombre. Et ça, les amateurs de « français de la rue » vont adorer.

On ne peut pas oublier Merteuil, première série Max en France. Une adaptation audacieuse du roman de Choderlos de Laclos, transposé dans l’univers du pouvoir féminin contemporain. Et Poupe, avec Éric Judor et Ragnard le Breton, qui débarquera d’abord sur Disney+, puis en clair sur TF1. Un mélange de comédie absurde et de critique sociale — typiquement français.

Les retours et les surprises

Lougarou revient. Après un premier succès retentissant, la série qui mêle mythes locaux et enquêtes policières dans les campagnes françaises reprend du service. « À peu près les mêmes bases », selon les producteurs. Mais quand le public adore, on ne touche pas à la recette. Et puis, il y a Duster, le retour de J.J. Abrams à la fiction policière. Avec Josh Holloway (de Lost), cette série plonge dans les années 70 pour raconter la naissance d’un syndicat du crime. Un hommage aux thrillers de Scorcese, mais avec une esthétique rétro qui fait fureur.

Enfin, le docu-fiction sur le tueur en série « le Grêlé » et la série biographique sur George Sand montrent que la télévision française n’a pas peur de s’attaquer à ses mythes. Pas de banalités ici : on explore les ombres, les contradictions, les silences de l’histoire.

Et après ? Ce qu’il faut surveiller

Le deuxième semestre 2025 s’annonce tout aussi dense. Young Millionnaire, la série d’Igor Gotesman sur des ados millionnaires mineurs, pourrait devenir un phénomène viral. Et Pax Massilia, polar noir réalisé par un ancien policier, promet un réalisme brut — idéal pour qui veut apprendre le français dans son contexte le plus authentique.

La tendance ? Des séries plus courtes, plus denses, plus audacieuses. Moins de saisons de 10 épisodes, plus de mini-séries de 6 à 8 épisodes qui racontent une histoire complète. Et surtout : des personnages complexes, des dialogues qui frappent, et une volonté de refléter la France d’aujourd’hui — dans toutes ses contradictions.