15 Mai 2012

● Je fais partie des Camerounais qui savent depuis longtemps que notre héros national, Abert Roger Milla a la double nationalité française et camerounaise. Ce que beaucoup d'entre nous ont oublié ou ne savent pas, c'est la situation des joueurs étrangers du championnat du football français avant l'arrêt Bosman en 1995.

Roger Milla © Reuters

Je pense que les grands champions sportifs et singulièrement les footballeurs de très haut niveau à l'instar de Milla ont des qualités particulières et une intelligence qui justifient leurs perfomances exceptionnelles.

En laissant découvrir par un grand nombre de Camerounais qu'il était un citoyen français, Milla a voulu peut-être dénoncer une certaine hypocrisie de l'État dont il est ambassadeur itinérant, sans compter sur la réaction des Camerounais qui manifesteraient un certain trouble sur l'initiateur du Comité de redressement du football camerounais.

Face à la réaction du public sportif de son premier pays (j'imagine le Cameroun) le célèbre attaquant n'a pas cédé à la necessité de s'expliquer comme l'on pouvait s'y attendre, il a préféré renvoyer ces interlocuteurs vers d'autres qui sont dans le même cas que lui, quitte à se faire rappeller la Loi camerounaise en vigueur sur la nationalité. En réalité Monsieur Roger Milla ne peut être à la fois de nationalité française et camerounaise.

Compte tenu de l'âge de Milla en 1984 et de la situation qui prévalait à l'époque pour les clubs européens qui ne pouvaient pas aligner plus de 3 joueurs étrangers dans leurs équipes, il me paraït plausible que ce fut la raison de la naturalisation de Milla. Pourquoi ne l'a-t-il pas dit ? Une autre raison a peut-être commandé sa décision. Mais il ne me vient pas à l'esprit que notre champion ait échangé son pays natal contre une seconde patrie.

Tous les pays aiment les champions et la France qui a crée un bon nombre de trophées est toujours prête à les accueillir, c'est aussi la marque d'une grande nation sportive. Qu'on n' oublie pas que la visite du Président Chirac au Cameroun a compté dans la nomination de Roger qui faisait d'ailleurs partie de la délégation.

La relation qu'entretient le football mondial avec les États est très particulière. Tout le monde sait que les fédérations jouissent d'une indépendance qui peut paralyser l'action et les projets des autorités relevant de l'État. En ce qui concerne les individus, quelle que soit leur nationalité, ils peuvent servir n'importe quelle équipe nationale de football et les entraîneurs étrangers qui écument le football africain depuis toujours le prouvent.

Il n'est pas étonnant que malgré le malaise qu'expriment certains camerounais, le rôle de Milla pour le football de notre pays soit toujours d'actualité. Mais un peu de pédagogie n'aurait fait de mal à personne; elle n'infirme pas le privilège que confère le statut de champion en activité ou pas. La transmission des valeurs incombe aussi à nos gloires qui le doivent à leur pays.

Simon TEDGA

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