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● Avec ce texte, nous inaugurons une collaboration que nous prévoyons riche avec Simon Tedga, consultant en stratégie, écrivain et chef d'entreprise. L'acuité de son regard est en parfaite synergie avec la ligne éditoriale de CFB. Son engagement professionnel et citoyen très actif de même que son recul comme analyste lui permettront de livrer des propos d'une pertinence rare. Nous soumettons son donc jugement à votre attention.


Supporters camerounais au Mondial 2010 en Afrique du Sud © Getty Images

À la fin des années 70 début 80 j'étais surpris de trouver un article sur le football Camerounais dans l'Express. Son auteur était Raymond ARON, un grand philosophe français qui écrivait dans ce bimensuel. En lisant cet article j'apprenais que le football était l'opium du peuple camerounais. Tout comme la forte consommation de la bière, il était utilisé par le pouvoir d'Ahmadou Ahidjo comme seul centre d'intérêt des jeunes en âge de penser l'avenir de leur pays.

Les écoliers, les collégiens les lycéens des villes pouvaient difficilement échapper à cette passion pour un sport pratiqué sur tous les terrains à peu de frais. Alors que certains parents interdisaient purement et simplement ce jeu à leur progéniture, préférant de loin que le temps passé à se lancer la balle soit utilisé à l'apprentissage des leçons, rares sont les jeunes citadins de cette époque qui n'aient été supporters de l'une des cinq ou six grandes équipes du football national.

À ma connaissance, Raymond ARON - décédé en 1983 - ne fit pas de déplacement au Cameroun. D'où ma grande surprise. Le Cameroun entre dans la scène du football mondial en 1982. En sortant invaincu du premier tour par trois matches nuls dont l'un, face au Pérou, par la faute de l'arbitre qui refusa le but de notre célèbre attaquant Roger Milla, le Cameroun effaça l'humiliation que connut le Zaïre et toute l'Afrique huit ans auparavant en Allemagne. Je n'insisterai pas là dessus car tous les Camerounais connaissent l'histoire de leur football.

On en parle donc constament et pour moi, le football est un sport roi chez nous et les Lions Indomptables, une institution. J'ai lu que ce beau sport avait fait des enfants terribles et on en cite un. Pas moi, car l'anayse de la situation me permet juste de l'utiliser comme un mauvais exemple qui révèle ce qu'est devenu le jeune sportif camerounais qui n'a pas connu l'époque évoquée plus haut.

Qui a appris à nos jeunes qu'on pouvait ne pas saisir une main tendue par son coéquipier ? Quel sentiment habite l'auteur d'un tel geste au vu et au su de tous ? Voilà qui est terrible, car des valeurs qu'on n'avait pas besoin d'enseigner foutent le camp pendant qu'ils n'arrivent plus à compter leur argent. Quelle époque ! L'argent ce mauvais maître surtout quand on n'en a pas connu un vrai comme à notre époque.

Les ravages de cette absence de civisme ont fini par toucher une institution mal entretenue du reste. En temps de paix, un pays rayonne par la culture et le sport. L'Allemagne, grande vaincue de la IIe Guerre mondiale ne s'est pas trompée. Alors qu'elle était toujours occupée par les troupes américaines, anglaises, françaises et russes, c'est sur le terrain de football que ce pays s'est exprimée comme puissance à tel point qu'elle a permis la définition suivante par quelques journalistes français : "le football est un jeu à11 dont le vainqueur est toujours l'Allemagne".

Toutes choses égales par ailleurs, le Cameroun aurait pu faire du football son élément de différenciation dans l'Afrique subsaharienne après avoir connu une défaite militaire dans la guerre d'indépendance. Deux grands stades de football construits en 1972 et puis plus rien pendant 40 ans. Ces stades offerts à la jeunesse d'une époque sont logiquement hors normes.

Un stade de football est un lieu de vie. L'on peut s'y restaurer, y faire la fête, y passer la nuit s'il le faut. Or, les stades de 1972 à la conception d'un autre temps sont dépassés. L'organisation d'une rencontre de football est soumise au marketing; il faut faire appel aux professionnels de l'évenémentiel pour y attirer des spectateurs. On ne le fait pas au hasard avec des réflexes d'un temps révolu. La nomination du général Sémengué, 76 ans, ancien président de club à la tête d'une ligue du football destinée à gérer les premiers pas du football professionnel est un signe qui révèle le difficile passage de témoin dans une société qui est pourtant majoritairement jeune.

Dans le cas qui nous intéresse, le dirigeant doit disposer d'une grande capacité de mobilité, déléguer en restant vigilant, innover et parer à divers obstacles qui peuvent surgir à tout moment. L'on a besoin de capacités intellectuelles et physiques intactes pour réussir une telle ambition. Le monde n'attend pas le Cameroun pour changer, ce dernier n'est que le passager de ce train qui passe . S'il ne respecte pas les horaires il restera à quai.

Simon TEDGA

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