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● Il y a environ quinze jours, je me suis lancé le défi public d'aller vers de la connaissance et de la compétence en matière de football camerounais. En plongeant quelque peu dans cet univers, je suis surprise par certaines incuries et autres non sens à mes yeux de profane absolue.

Mon regard ne prétend pas à affirmer une vérité, mais juste à livrer celui d'un candide qui parcourrait les rues du football Camerounais et serait surpris à quelques carrefours de son histoire et de ses pratiques. Le petit voyage me dévoile l'arrogance de mon ambition qui est celle de parler de football dans quatre ans comme un chroniqueur aguerri.

Quand je regarde le chemin à parcourir ne serait-ce que pour ce qui concerne les participations de l'équipe nationale du Cameroun aux compétitions majeures africaines ou extra africaines je suis tétanisée par l'arrogance de mes prétentions. Il faudrait trois vies et la moitié d'une autre à un cerveau comme le mien qui a depuis sa genèse, inhibé la case football pour se saisir des enjeux de ce monde et des techniques du football. Oui mais voilà le défi est le mien et celui des Lions au prochain Mondial ils sont champions du monde et moi je devrais être capable de gloser sur un « petit pont » ou un tir croisé latéral.

La piteuse sortie des Lions à Garoua m'a poussée à questionner l'adjectif magnifique qui est le « prénom » du majestueux félin qui nous représente : « Indomptable ». C'est plus qu'un adjectif qualificatif, c'est une identité fondamentale.

Genèse d'un label

Il m'a été raconté que nos Lions sont devenus « indomptables » par la grâce d'une défaite en 1972. Un qualificatif en apparence arrogant qui témoignait de l'ambition voire de l'injonction de celui qui avait ajouté un prénom au nom des Lions.

Les Lions avaient en effet perdu un trophée qui semblait leur revenir de fait. Le tournoi à Yaoundé devait servir d'emballage de choix pour l'exploit attendu et aider le président d'alors à bomber le torse revêtu d'une magnifique gandoura. Nous devions être champions d'Afrique et nous le serions. Mais voilà les Lions ont perdu quelques dents en demi finale face à la sélection du Congo et ceci sans le moindre choléra dans la zone de « combat ». Cameroun 0-Congo 1. Une taloche sur la tête et le pays organisateur avait quitté la compétition au grand dam du boss de la nation.

Quoi ? Le fier Cameroun humilié sur ses terres, sorti par un soufflet et remisant un probable gandoura en Bazin dans le placard ? Des années plus tard même la France grande pratiquante des défaites lors des grands rendez-vous (surtout face à Karl Heinz Rummenigge qui fait encore bégayer les mémoires de Platini, Giresse et Tigana,) même elle, n'a pas laissé échapper un trophée mis en jeu sur ses terres.

Imaginez le courroux du big boss. La légende raconte que c'est après cette défaite que le président Ahidjo avait ordonné le grand ménage. Le Cameroun des grandes ambitions n'est donc pas né hier. Il a seulement désappris à se donner les moyens de ses ambitions.

Au Cameroun comme ailleurs, le verbe précède l'action. Il est tragique qu'il soit devenu l'action. Les mots se multiplient, les déclarations d'intentions du sélectionneur, de son adjoint, d'un responsable ou un autre du sport, mais rien de concret et de constructif derrière. Les choses se font comme dans l'urgence sans planification antérieure. Oui mais voilà, choléra ou pas, on ne gagne pas,, même contre une équipe dite mineure avec des bouts de ficèles et une gestion calamiteuse des hommes. Le peu que je comprends aux rapports humains, au management des hommes et des biens, et au football me laisse à penser que pour les dirigeants du football Camerounais les Lions indomptables sont devenus un label creux, un lieu de pèlerinage sur lequel on viendrait se souvenir du poteau au coin duquel dansait Milla à chaque but en 1990. A quoi ça sert d'être indomptable si l'on ne se donne pas les moyens de hisser son jeu, ses infrastructures, son management à la hauteur des ambitions clamées dans le nom ?

Les mots ne suffisent plus

Les choses ont bien changé et depuis, nous avons l'ambition sans les moyens. Parce que nous n'avons rien su organiser, il nous reste la dimension miraculeuse et nous voulons qu'Eto'o soit le messie qui nous conduira au paradis des grandes équipes. Mais voilà, Eto'o n'est qu'un homme au milieu des hommes et le messianisme qu'on lui prête amplifie les difficultés dans un univers sans normes lisibles. Peut être est-il temps de le dépouiller de la dimension messianique et le libérer de tous les oripeaux qui, en équipe nationale l'empêchent peut être de briller à la mesure de son génie.

Quand je regarde l'état des infrastructures sportives d'un pays qui a organisé la coupe d'Afrique des nations en 1972, je me demande si nous sommes lucides quand nous ambitionnons de voir une équipe « gérée » à coup de bouts de ficelles faire de grandes choses dans son domaine de compétence comme une victoire miraculeuse sur les incuries internes et externes.

Les Lions Indomptables sont nés d'un échec certes, le but et la vision n'étaient pas de s'installer dans l'échec, mais d'acquérir la culture du succès et de donner les moyens d'y arriver. A quoi sert-il de se dire indomptable si l'on n'est pas dans cette optique ? Interrogation naïve ? Probablement. Mais c'est le privilège des candides.

Chantal Epée

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