22 Janvier 2012

● Il y avait un fossé contradictoire entre la spectaculaire cérémonie d'ouverture et l'envers aperçu avant le début de cette CAN au pays de Theodoro Obiang Nguéma Mbazogo. Toutes lentilles ouvertes, la nuée de reporters venus des quatre coins du monde n'en revenait pas.

© Getty Images

À la file "indienne" et pressés d'avoir accès à l'antre du Stade de Bata, les spectateurs ont littéralement vécu un calvaire en bravant des gaz lacrymogènes balancés par les forces spéciales équato-guinéennes. Qui avait donc intérêt à foutre le bordel pour rejoindre les gradins ? Les stades de la CAN disposent de sièges numérotés et, à moins d'acrobaties toujours possibles, vous avez votre place garantie.

C'est donc tassés les uns contre les autres comme du bétail, tanspirant sous la chaleur moite locale, que des milliers d'Équatos, rejoints par des contingents de supporters étrangers -sénégalais surtout-, ont pris d'assaut l'Estadio de Bata. Relooké pour cette circonstance exceptionnelle au royaume de Teodorin, le fils de l'autre, l'enceinte a affiché complet et vécu un spectacle d'ouverture de haute facture. Malheureusement, la volonté de démontrer un modernisme certain nous plutôt a laissé un goût fade.

L'Afrique des forêts et des eaux aurait certainement eu mieux à offrir en terme de visuel que cet enchaînement digne d'un championnat européen des nations ou d'une série finale de baseball étatsunien. C'est à regret que l'on s'est donc remémorés la CAN jouée au Ghana et même celle d'Angola où les créatifs avaient pu donner un véritable cachet "africain" à l'affaire.

Un tableau de la cérémonie d'ouverture © Reuters

L'art de recevoir se maîtrise de bout en bout et ce ne sont pas les énormes pas faits en matière d'infrastructures par le pouvoir équato-guinéen qui confirmeront que ce pays a radicalement changé. Oui, on peut être soufflés par la multiplication des équipements, mais si aucune âme ne les habite on se retrouve prisonnier de faits qui ne sont plus cocasses tant ils représentent la norme du quotidien.

Comment la CAF a-t-elle pu valider le dossier des télécommunications alors que les réseaux téléphoniques sont pourris et que l'Internet, clé de voûte de la communication, date encore de l'âge de la pierre polie. Il en est de même pour les hôtels où la salubrité laisse à dèsirer.

Témoin la colère des Zambiens obligés de réclamer un autre gîte parce que des rats s'invitaient de temps en temps dans le restaurant de leur établissement. Enfin on rapporte que les coupures d'eau et d'électricité courantes à Bata ont mis toutes les délégations sur les nerfs dont celle de la Libye qui aurait attendu deux à trois heures jeudi, avant de prendre une douche après les entraînements.

Les caméras libres et les valeureux touristes qui sont descendus dans le Golfe de Guinée nous transmettront-ils d'autres images ? Nous le souhaitons et l'espérons grandement parce que cette Coupe d'Afrique des nations peut être "sucrée".

Léopold Nséké, avec agences et Souley Dan Baba en Guinée Équatoriale.