02 Novembre 2012

● Elle est sans doute désirée par les footballeurs avec la même impatience, la même angoisse et peut-être le même espoir... que les dirigeants d'universités attendent le classement de Shangaï.

© Getty Images

Ce classement est un précieux sésame pour compter parmi les prestigieuses institutions universitaires qui comptent dans ce monde, revendiquer un statut de leader et concourir à placer sa nation parmi les chefs de file de la recherche scientifique et universitaire.

Chez les footballeurs, l'espoir d'y être, d'être sélectionné, non pas dans leur équipe nationale, mais dans la liste des 23 sélectionnés pour le FIFA Ballon d'Or. C'est à partir de cette liste que sera élu le meilleur joueur du monde ! Rien de moins.

C'est donc un moment important dans la saison. Ronaldo double vainqueur du Ballon d'Or (1997, 2002), selon Francefootball.com, avait même affirmé que c'était, à son sens, un objectif de le remporter. Il explicitait : « [...] c'est le prix individuel le plus important qui existe. Le plus ancien. Quand je songe que ni Maradona ni Pelé ne l'ont reçu, je mesure la chance de l'avoir obtenu deux fois. J'ai compris en le voyant qu'il représentait quelque chose de vraiment important, un privilège unique, et je me suis dit que si je connaissais le bonheur de le remporter un jour, j'en serais évidemment très fier. »

Ce n'est pas l'alpha et l'oméga, mais ce classement permet, entre autres, d'entrevoir, au-delà des footballeurs eux-mêmes, le rayonnement des nations dans la planète football.

L'Espagne

Il est une anecdote qui veut que le football soit un sport où 22 personnes participent, mais à la fin, c'est toujours l'Allemagne qui gagne. Ces dernières années, l'Espagne a pris la place de l'Allemagne. La Roja a gagné le championnat d'Europe 2008, la Coupe du monde 2010 et la Coupe d'Europe en 2012. Son clasico Réal Madrid – FC Barcelona est attendu par le monde entier et regardé par des centaines de millions de personnes.

Cette rivalité est d'autant plus intense aujourd'hui qu'elle oppose aussi ceux qui sont pour plusieurs les meilleurs joueurs du moment : Ronaldo (Réal) et Messi (Barça). On compte dans le classement près de la moitié des joueurs provenant essentiellement de ces deux équipes. De nationalité espagnole, on dénombre près d'un tiers, précisément sept. Il s'agit des Alonso, Busquets, Casillas, Iniesta, Hernandez, Piqué et Ramos.

On peut pour compléter le portrait se référer au classement FIFA qui semble donner à César ce qui appartient à César puisque c'est la bande à Casillas qui trône comme la première puissance footballistique.

Le Cameroun ou la déchéance d'une image de marque

Parler de l'Espagne permet de mieux voir le Cameroun, de mesurer comment, à l'opposé, le pays des Lions Indomptables a dégringolé, comment son image de marque s'est détériorée.

Ils avaient réussi l'exploit de perdre tous leurs matches lors de la phase finale de la coupe du monde de football organisée en Afrique du Sud en 2010. Une première !

Les Voilà (incluant les responsables de la FÉCAFOOT) qui ne sont pas capables d'honorer un match de football contre l'Algérie qui aurait dû se jouer en huis clos. Et de facto, ils déçurent des milliers de supporters et quasiment un peuple.

Il faut croire qu'ils sont nés avant la honte pour reprendre les mots de la « Mama », Patience Dabany. En effet, les Indomptables du football – excusez le paradoxe – ont réussi l'exploit de priver la nation africaine de football du 20e siècle, d'au moins deux phases finales consécutives de la CAN. Qui dit mieux ?

Ils pointent aujourd'hui dans le G75, soyons gentils, le G71 du football alors qu'il y a moins de cinq ans, ils étaient régulièrement dans le G15 et ont même participé au G11.

Cette liste des nominés pour le FIFA Ballon d'Or 2012 est donc venue confirmée la déliquescence de ce football, qui jadis, faisait la fierté de tout un peuple. Aujourd'hui, il n'y a personne qui porte le drapeau du Cameroun alors qu'il y avait quelques années, Samuel Éto'o y faisait briller le vert-rouge-jaune. Mêmement pour le Ballon d'Or de la CAF où, année après année, nous avions de sérieuses raisons de penser que nous aurions pu l'emporter. Aujourd'hui, ce n'est le point le cas.

Ce n'est que le foot...

« Ce n'est que le football » m'expliqueront plusieurs... À raison sans doute... Mais, personnellement, je n'y souscris pas. Le football ou le soccer comme les nord-américains l'appellent est générateur d'une série d'enjeux qui dépassent le seul cadre sportif. Je voudrais m'appesantir sur un seul de ces volets : l'économie, et parler du tourisme.

C'est sans doute l'une des meilleures cartes de visites, l'un des plus grands ambassadeurs de la cause du Cameroun. L'équipe nationale du Cameroun, par l'histoire qu'elle a su bâtir : l'aventure de 1990, l'invention de la célébration de buts par la danse, Milla, Éto'o, a un capital, une notoriété très forts.

Cette équipe, en procurant des émotions aux spectateurs de pat le monde entier, en proposant à l'humanité des joueurs d'exception, en offrant des parcours en compétition extraordinaires, elle crée une connexion avec des téléspectateurs. Plus, elle les incite indirectement à connaître le Cameroun et peut-être même susciter chez eux le désir de venir au Cameroun.

D'ailleurs, le Ministère du tourisme n'utilise-t-il pas de temps à autre l'image des Indomptables du football dans ses spots publicitaires ?

Seulement eux, eux tous, mesurent-ils l'importance d'avoir une image de marque des Lions attractive ?

À ceux qui n'y voient que des chimères, saviez-vous que le site du FC Barcelone est un des endroits les plus visités en Espagne ?

Serge TCHAHA

Suivant >