Tactique : Le Mondial a montré des limites et ouvert de nouvelles avenues
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02 Juillet 2014
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Refondation du football camerounais après Brésil 2014 : que de solutions inopérantes ! |
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● Après la désillusion, la colère et les vrais-faux déballages, l'heure est désormais aux solutions-miracles pour la sempiternelle refondation du foot camerounais. Souvent dictées par l'émotion ou par des desseins inavoués, les solutions proposées sont souvent irréalistes. Catalogue.
Nounkeu, dépité, et Nkoulou consolé par Eduardo © Getty Images
C'est l'une des solutions qu'on entend le plus ces jours-ci pour que l'équipe nationale du Cameroun puisse avoir de meilleures prestations, et se donner des chances de réussir ses prochaines campagnes internationales. Volker Finke et tous les membres de son staff (choisis ou imposés) devraient donc être débarqués, puisqu'ils n'ont pas eux-mêmes eu l'élégance de démissionner pour montrer qu'ils assument l'échec du Brésil. Il est difficile d'opposer un raisonnement plausible à ceux qui prônent cette option radicale qui tient de la responsabilité face à un échec, surtout avec la cascade de démissions dans les sélections qui ont été éliminées au 1er tour de Brésil 2014.
Seulement, si on pense qu'il suffit de changer de staff technique pour que notre sélection nationale redore son blason, alors c'est qu'on n'a tiré aucune leçon du passé récent des Lions Indomptables. Que de sélectionneurs ont défilé dans les Lions ! Arthur Jorge, Javier Clemente de réputation mondiale ; Otto Pfister, Paul Le Guen, sans-galons mais bien connus des milieux du foot ; Denis Lavagne, la (mauvaise) surprise du Chef Iya Mohammed ; Thomas Nkono, Jean-Paul Akono, les camerounais de service, pour ne citer que ceux-là. Les Lions n'ont rien gagné malgré tous ces changements, ce qui prouve que les changements incessants de sélectionneurs quels que soient leurs états de service, ne sont pas une solution efficace.
Si des sélectionneurs camerounais n'avaient jamais été à la tête des Lions Indomptables, on comprendrait que leur expertise soit sollicitée aujourd'hui. Mais Jean-Paul Akono n'avait pas réussi à qualifier le Cameroun pour la CAN 2013, pas plus que le bref passage de Thomas Nkono n'avait convaincu. Et ce n'est pas que les entraîneurs camerounais soient tous techniquement incompétents, puisque Léonard Nséké avait qualifié le Cameroun pour la Coupe du monde 1994, et Jean-Paul Akono avait remporté la médaille d'or aux Jeux Olympiques de Sidney en 2000. Les Lions Indomptables ont donc souvent gagné et échoué tant avec des sélectionneurs étrangers que camerounais. Le problème n'est donc pas l'origine des sélectionneurs, ni même leur notoriété : il est manifestement ailleurs.
Il faut peut-être scruter du côté du mode de désignation qui n'est jamais le même d'un sélectionneur à l'autre. Un coup, on invoque une instruction du Chef de l'Etat (Paul Le Guen) ; un autre coup, on parle d'une recommandation de l'équipementier Puma (Winfried Schaefer, Volker Finke) ; une autre fois, ce serait plutôt l'œuvre de lobbies locaux (Jules Nyongha, Jean-Paul Akono). En réalité, il serait plus juste de dire qu'il n'y a pas de mode de désignation clair et connu du sélectionneur des Lions Indomptables du Cameroun. Dans ces conditions, il n'est pas possible que des missions précises lui soient assignées, et qu'il ait réellement les coudées franches pour travailler. Ceux qui sont à l'origine de la cooptation du sélectionneur le tiennent, et pour que son salaire lui soit versé sans soucis, il est obligé de faire les choses selon leur volonté.
Il faut aussi regarder du côté des interférences et même de l'ingérence des administrations camerounaises dans le travail des sélectionneurs des Lions indomptables. Un ancien sélectionneur du Cameroun nous confiait il y a quelques années, que ses listes de joueurs à convoquer étaient toujours modifiées par les administratifs, et il se retrouvait en stage avec des joueurs qu'il n'avait jamais sollicités. Pour ne pas faire de vagues, il faisait avec, avouait-il.
Il s'agit donc moins de changer ou de « camerouniser » le staff technique de notre équipe nationale, que de définir le profil de l'entraîneur recherché, de fixer un mode de désignation clair et connu de tous, de le respecter, de définir un cahier de charges précis au sélectionneur, et de ficeler avec lui un contrat assorti de sanctions sévères si des dérives sont constatées dans l'exercice de ses missions. Par exemple, un sélectionneur qui serait convaincu de rançonnement de joueurs, devrait être sanctionné au même titre qu'un fonctionnaire pris pour faits de corruption. De même qu'un sélectionneur qui attendrait un échec pour dénoncer les ingérences dans son travail, devrait être contraint à rembourser les salaires qu'il a perçus en sachant qu'il échouerait.
2-Il faut chasser la quasi-totalité des joueurs qui étaient au Brésil, et n'en conserver que 3 ou 5, surtout les petits nouveaux
Voici une autre proposition de solution aux problèmes de l'équipe nationale du Cameroun, qu'on entend beaucoup dans l'opinion en ce moment au pays. Et, contrairement à ce qu'on pouvait attendre, cette idée n'est pas soutenue que par des profanes du foot, mais très souvent par des techniciens du foot, des anciens internationaux, et des journalistes sportifs relativement expérimentés. Ceux qui défendent cette solution estiment donc que les joueurs, ou certains d'entre eux précisément, sont la cause des échecs des Lions.
Certains ne mettent pas de gants pour désigner les joueurs qu'il faut bannir de notre sélection nationale : en tête de liste, le nom de Samuel Eto'o revient souvent, puis viennent ceux d'Alexandre Song, Achille Wébo, Jean II Makoun, Aurélien Chedjou, Assou Ekotto, Landry Nguémo, Nicolas Nkoulou, Enoh Eyong. C'est le groupe dit des anciens, qui brime les nouveaux, et ne les laisse pas éclore au sein de l'équipe. On cite aussi Charles Itandjè, Dany Nounkeu et Allan Nyom qui doivent être évincés pour incompétence. Sammy Ndjock quant à lui est considéré comme un intrus imposé par l'entraîneur des gardiens de but Jacques Songo'o (on dit ici joueur « ndolè ») et rien que pour ça, il doit être « chassé » des Lions.
Si des actes d'indiscipline notoires étaient attribués à tous ces joueurs qu'on envoie à l'échafaud par le sélectionneur ou les responsables en charge de la discipline au sein des Lions, alors, on comprendrait qu'on veuille se séparer de la vermine qui déstabilise l'équipe du Cameroun. Mais, en dehors de sanctions arbitraires infligées à Samuel Eto'o et quelques autres joueurs après l'épisode du Marrakech Gate, ces joueurs n'ont jamais été épinglés officiellement pour indiscipline. Lorsqu'une salle de classe chahute en présence d'un enseignant qui ne sanctionne personne, doit-on rendre les élèves responsables du désordre dans cette classe ?
Quelle pertinence et quelle cohérence devrait-on accorder aux propos de gens qui demandent qu'on bannisse une équipe entière alors qu'ils disent par ailleurs que ce sont les défaites qui préparent les victoires, et qu'une sélection doit être relativement stable ? Si les joueurs qui avaient fait piètre figure à la CAN 1982 en Lybie, avec à la clé des problèmes internes (Roger Milla qui refusait d'arborer les équipements de marque Coq Sportif, et les rivalités entre joueurs du Canon de Yaoundé et de l'Union de Douala) avaient été bannis, aurions-nous remporté la CAN 1984 ? On se plait à célébrer la génération qui remporte les CAN 2000 et 2002, mais se souvient-on seulement des échecs qu'elle a endurés entre 1994 et 2000 ? On les aurait bannis, nous n'aurions pas apprécié la hargne de Rigobert Song, la vista de Salomon Olembé, ni le sens tactique de Njitap.
Des joueurs mal encadrés, parce que mis à la disposition d'un staff technique peu crédible, d'administratifs incompétents et cupides, et entourés d'une foultitude d'individus fourbes et mesquins, ne peuvent produire aucun résultat sérieux. Conserver cet environnement délétère et remplacer les joueurs, cela n'apportera rien.
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Commentaires
D'après ce que je omprends, il faut donc laisser l'encadrement actuel et ne rien changer à cette équipe car les joueurs ne sont pas responsables, en attendant qu'un messie honnête vienne sauver le football camerounais? Nous sommes bel et bien morts...