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● Depuis plusieurs années, la question de la représentativité du football local taraude plusieurs esprits. Depuis, la CAF a choisi de créer un football à deux vitesses en misant sur le CHAN. Mais les résultats des sélections à chaque CAN rendent une tout autre vérité au point de ramener le débat au premier plan.


Les Lions Indomptables au Mondial 1982 © DR
Debouts : Nguéa (Canon) Abega (Canon) Ndjeya (Union) Kaham (Cleveland) Onana (Fédéral) Nkono (Canon) Accroupis : Kundé (Canon) Mbom (Canon) Milla (Bastia) Mbida (Canon) Aoudou (Cannes)

En revisitant les réalités du football africain, qu'elles soient passées ou actuelles, la tendance à un socle national solide l'emporte fortement sur les sélections truffées de footballeurs professionnels, de plus en plus mésadaptés.

Le cas de la Zambie conforte parfaitement l'opinion sur cette analyse. Sur l'ensemble de l'effectif ayant disputé la CAN 2012, seulement 4 des 22 joueurs ayant pris part au sacre des Chipolopolos évoluent en dehors du continent africain. Ce qui a donné à ce groupe une capacité d'acclimatation supérieure mais surtout non négligeable par rapport aux sélections ivoirienne, gabonaise et malienne qui ont meublé le dernier carré.

En remontant plus loin dans l'histoire de cette compétition, le triple sacre égyptien 2006-2008-2010 avec l'entraîneur Hassan Shehata nous a donné plus de certitudes dans la capacité que confère le choix de croire en ses racines locales plus qu'à un concept d'un professionnalisme par mimétisme.

La Tunisie victorieuse en 2004 n'est pas en reste, tout comme le Cameroun de Pierre Lechantre et de Winnie Schäffer respectivement en 2000 et 2002. Les Lions Indomptables dans ces deux cas précis disposaient d'un noyau de joueurs issus du terroir et les autres, avant d'être professionnels avaient fait leurs classes à la maison avant de connaître l'Europe.

Les Bernard Tchoutang, Jérémie Njitap, Raymond Kalla, Marc-Vivien Foé, Pierre Njanka, Pius Ndiefi, Alioum Boukar, Rigobert Song ou encore Pierre Womé, portaient en eux la graine d'une notion de patrie bien moins pale que de nos jours. C'est l'une des raisons pour lesquelles la nation était en phase avec les siens.

L'occidentalisation des sélections est un mimétisme négatif

Au delà du chamboulement du métabolisme physiologique sur les organismes des joueurs, lié aux campagnes courtes des équipes nationales à chaque date FIFA et pendant les tournois contre saison, causé par les difficultés dues à l'acclimatation, la présence des joueurs professionnels issus des championnats européens au sein des sélections n' a pas convaincu grand monde.

Au regard des statistiques et à en croire les chiffres, on ne trouve pas d'arguments plus favorables. Si la Côte d'ivoire avec la bande à Drogba et Zokora n'a pas gagné une CAN 2012 qui largement était à sa portée, sans ignorer que le ballon est rond, mais la cause est bel et bien dans la structure du groupe, ses fondements et ses racines. Tout simplement en fait parce que le nombre ne fait pas forcément la qualité.

Les sélections africaines ont glissé peu à peu vers une occidentalisation des équipes A qui déteint même jusqu'à l'organisation et la coordination des rassemblements.

Pour les matchs qui se jouent en Afrique, on se regroupe en Europe hors du climat. Le choix des adversaires est sans mesure commune avec les échéances à venir. Loin des terres, loin de son public, loin de ses valeurs, on joue contre des pays qui n'ont pas forcément le profil du prochain adversaire. On s'expose même parfois au refus des visas de la part des ambassades des pays européens pour les 2 ou 3 joueurs locaux qui se retrouvent là par « hasard ». Devons-nous continuer comme ça ?

Nous n'avons pas les mêmes valeurs

Ce mimétisme du professionnalisme au sein des sélections est un choix qui a aussi modifié la donne sur l'évaluation des primes qui nous laisse également pantois. L' exemple qui suit en fait foi.

Lorsque nous comparons les primes des Lions Indomptables au Mondial 2010 pour un résultat insignifiant face à la prime zambienne pour une victoire à la CAN 2012, il y a matière à réfléchir. Puisqu'au Cameroun les échecs sont plus valorisants que le mérite, une logique autre prévaut ailleurs, toutes proportions gardées. Le Zambien vainqueur de la CAN a touché 44 500 € soit 29,5 millions de francs CFA quand le Camerounais, qui sera dernier de la compétition a empoché 60 000 € pour sa participation et exigé 20 millions de francs CFA par match gagné.

Bien que nous n'ayons pas les même valeurs, pour certains, la finalité est là : aligner de gros chiffres. Pour plus de « normalité », nous proposons que les primes des Lions Indomptables soient fixées en fonction des résultats lors des tournois majeurs, du classement FIFA et du classement Fairplay de l'équipe nationale par palier évolutif et variable.

En science physique, il est clairement établi que tout atome tire sa force d'un noyau. Au sein de l'équipe nationale du Cameroun, cette vérité est indiscutable. Depuis l'Oryx club de Douala au Tonnerre de Yaoundé en passant par le Canon de Yaoundé et l'Union de Douala, il a toujours existé une force et un état d'esprit plus investi et transmis par les joueurs issus du terroir sans intention de taxer les autres de désinvoltes.

Stephen Tataw capitaine devant Milla, Bell et Nkono

Sur l'effectif des Lions de 1990 qui ont porté le Cameroun au plus haut des cieux en Italie, la tendance est sans appel. À l'exception de Jean-Claude Pagal qui évoluait depuis sa tendre enfance en Europe, la totalité des joueurs en sélection camerounaise était issus du terroir. De Roger Milla à Thomas Nkono, de Joseph Antoine Bell à Stephen Tataw, il a toujours existé cette racine locale aujourd'hui perdue. Avec cet indestructible noyau, malgré la hiérarchie technique, l'ordre des choses allait toujours dans l'intérêt de la nation et de la patrie. Il faut retrouver cette base sans rejeter le meilleur du cru professionnel.

Était-ce alors le sentiment de reconnaissance qui animait chaque enfant de ces quartiers populaires de Douala et Yaoundé ? Sur quel moteur l'émulation de la jeunesse au sein des sélections se repose-t-elle de nos jours ? Allez savoir !

Pourquoi devons-nous constater que cette notion transcendante de la patrie paraisse plus trempée que celle que nous proposent les joueurs n'ayant jamais évolué en Afrique et qui meublent les sélections de nos jours ?

Plus encore, l'équipe nationale jadis était l'aboutissement d'une ascension, d'un travail et d'un parcours de mérite qui hissait un enfant au plus haut de sa quête. Mais qu'en est-il aujourd'hui ? Il faut donc que les jeunes nationaux aient les moyens de franchir les paliers sans être obligés de corrompre pour exister.

Hier, tous les petits africains voulaient devenir comme Roger Milla par une passion communicative à travers le ballon rond. Aujourd'hui, ils rêvent plus souvent de devenir aussi riche que Samuel Eto'o, oubliant que ce dernier reste d'abord, malgré ses airs opulents, le symbole d'une exemplaire réussite sportive, un aboutissement personnel par le sport et une victoire sur le destin animé par une volonté de champion et une dévotion complète à son métier. Ce que, trois fois hélas, nos dirigeants ne parviennent pas à interpréter.

Une transition s'impose, sinon on implose

Par le choix massif de joueurs professionnels, bien de valeurs se sont dispersées et perdues dans la nature. Les primes qui pourraient revenir aux clubs camerounais liées à la sélection des joueurs locaux en équipe nationale ne sont plus réinvesties dans l'outil de production car inexistantes et nulles. Comment voulez-vous que nos clubs survivent quand toutes les recettes qui favorisent leur développement directement ou indirectement sont supprimées ?

Mais que peut-on attendre des clubs si la politique fédérale reste floue et que celle-ci ne suit pas les enjeux de notre développement ? Le choix sans limite des joueurs professionnels n'a-t-il pas entraîné les nations africaines dans un gouffre ? On est dans la douleur de l'avouer et affirmer qu'il y a des décalages à tous les niveaux.

L'encadrement en sélection de 22 joueurs venus de 22 clubs professionnels différents ne saurait être sans difficulté tactique et technique. Bien que professionnels, il tient des travaux d'Hercule que de vouloir créer une cohésion avec autant de pièces sans heurt, tant sur le plan de la gestion des égos que du jeu en lui-même. La tâche s'avère insurmontable pour des échéances à court et moyen terme, on en est conscients. Ne pas donc jouer les Don Quichotte, mais s'offrir une transition réaliste sinon on explose.

Le retour à la sélection des meilleurs joueurs camerounais sur la base de quotas -assumés- sur les professionnels relancerait, non seulement le défi du mérite et du dépassement de soi en sélection, mais serait un investissement plus accru dans le projet de chacun dans son rapport avec l'équipe nationale, une donnée qui exigerait de chacun une performance permanente en club et qui contribuerait également à donner un coup de fouet à l'ensemble de la masse locale. Cette dernière trouvant par ce principe une source de motivation supplémentaire pour les locaux, tant il existe aujourd'hui un fossé creusé exprès par les autorités fédérales. Nous y voyons enfin une piste pour une baisse de coûts et charges pour la sélection nationale qui favoriserait une redistribution aux clubs les dividendes des retombées des dates FIFA .

Les Lions Indomptables vers un nouveau modèle

À en croire certaines indiscrétions sur son engagement contractuel, on ne doit pas s'étonner de voir Rigobert Song refuser de résider au Cameroun mais on ne doit pas l'admettre non plus. La redéfinition du modèle de notre équipe nationale et ses règles de fonctionnement doivent être au dessus de tout intérêt particulier quand il s'agit de la nation.

Certains problèmes régulièrement rencontrés au sein des sélections nationales relèvent également de la notion d'éducation de base sur la considération qui est accordée à l'équipe nationale par la majorité des joueurs retenus. Ce regard qui donne à une institution son caractère sacré n'existe plus. Chaque joueur sélectionné y met du sien certes mais quand ça coince, c'est que ce n'est pas assez.

Le respect de l'autre, l'esprit de fraternité, de camaraderie au-delà des générations, voilà ce qu'une équipe nationale doit incarner. En Côte d'Ivoire, quand ce n'est pas A qui ne dit pas bonjour à B au Cameroun c'est X qui n'adresse pas la parole à Y. Tous des vedettes aux égos surdimensionnés. L'indiscipline, l'intolérance, cette guerre des égos, le sentiment d'impunité n'ont ils pas tout simplement trouvé ici le modèle adéquat à leur expression ?

Nous pensons sincèrement que les quotas pourraient atténuer bien de soucis sans empiéter sur la valeur de l'équipe comme nous disent les résultats depuis 20 ans. Cela afin que la sélection nationale redevienne la vitrine d'un football national en devenir et dans laquelle les professionnels servent de locomotive à la jeunesse locale, dans laquelle les jeunes se surpassent pour être à la hauteur de ce que le public et le peuple attendent d'eux.

Sans ce modèle mixte, on ne peut malheureusement rien gagner pour sa Nation, qu'on joue à Manchester ou ailleurs, et si on ne tend pas à devenir non plus, au fond de soi, un Héros national.

Daniel Nsongo

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Commentaires 

 
# sfb 24-02-2012 16:29
salut dany, c'est fab

c'est exactement ce que je prone depuis 3-4 ans
on en a deja discuté

tu es ds le vrai

cordialement
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