
Classement FIFA : Pourquoi le Cameroun est-il mal classé ?
● La sentence du baromètre de la santé sportive des nations est tombée comme tous les mois et notre pays a atteint un seuil historique. Une... [Lire la suite]
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19 Février 2012
● La non participation du Cameroun à la CAN 2012 a fait couler beaucoup d'encre sur notre football mais depuis plusieurs années, le Cameroun traîne dans le monde l'image d'un football en perdition par la faute de son management archaïque.
Des Lions désemparés en Afrique du sud © Getty Images
Sans projet, l'échec est prévisible
Les causes et les raisons de cette œuvre sont facilement identifiables. Ce bilan, pour nous, était attendu et catastrophique à tout point de vue. Un bilan de cancres, observable des infrastructures au championnat, des clubs à la formation, de nos sélections aux résultats, jusqu'à la dimension managériale du sport en lui-même, sans oublier une absence fondamentale qui est celle d'un véritable projet.
Le management sportif ne peut se satisfaire de l'improvisation permanente qui espère au petit bonheur la chance arriver au même résultat qu'une démarche structurée, programmée et élaborée. Le football ne saurait se satisfaire d'incompétences qui profitent de l'arbre qui cache la forêt, même si aujourd'hui on essaye tardivement de flatter l'égo des anciennes gloires par des nominations à des postes plus politiques qu'opérationnels alors que les flammes menacent la maison.
Même si nous n'avons rien contre Rigobert Song au sein de la tanière, nous ne sommes pas adeptes de cette stratégie qui oppose les contraires pour divertir l'opinion sur des futilités quand l'essentiel est ailleurs. La nomination de l'ancien capitaine des Lions est plutôt de nature à attiser des affrontements, et à défaut de n'avoir pas su les éviter, on l'organise et on se sert des autres pour faire le sale boulot. Cela s'appelle de la manipulation.
Alors que le secrétaire Général de la Fécafoot annonce pompeusement la lutte contre le trafic des âges des jeunes footballeurs comme une mesure importante, nous aurions souhaité que la fédération aborde également le dossier des agents de joueurs de nationalité étrangère qui ont obtenu à coup de billets la licence d'agent FIFA de la Fécafoot sans avoir jamais séjourné au Cameroun et qui y exercent illégalement. Ce dossier mériterait une ouverture d'enquête qui ferait tomber plus d'une tête sauf si certains crimes profitent à la maison et d'autres non !
Peut-on être fier de diriger une fédération qui héberge un championnat national sans calendrier arrêté, une Coupe du Cameroun sans règlement ? Avec des incohérences structurelles qui voient un joueur évoluer dans deux équipes différentes à la même édition de Coupe ? Avec des clubs sans stade de football minimalement au niveau de notre statut de grande nation du football ? Avec la pratique du jeu sur des terrains poussiéreux qui datent des années 60 ?
Après tout ce temps passé à la tête de la fédération par Iya Mohamed, rien n'a évolué pour le football sur le plan national. Sinon rien qu'une prolifération de centres de formation sans cahier de charges avec un résultat archi nul sur le plan de la rentabilité nationale. On n'a qu'à voir la disette chez les jeunes donc aucune sélection nationale n'a gagné de titre depuis 1995. Les participations aux tournois majeurs, quand on y arrive, donne lieu à des humiliations qui à défaut d'être sportives sont liées à une absence flagrante de coordination due à la fédération ou au ministère de tutelle. Factures d'hôtels impayées, expulsions diverses, comme si nos dirigeants étaient « nés avant la honte ».
Des clubs complètement déclassés en Afrique
Malgré la domination absolue de Coton Sports FC au niveau national, on assiste à la théorie du chien qui aboie fort dans sa cour. Le constat est simplement effarant : le Cameroun n'a tout simplement pas gagné de titre en club depuis 1981. La grosse poussée des années 90 et 2000 aurait pourtant pu permettre la mise en place de conditions optimales pour cela.
Pour parler du club de la Bénoué, sa valeur internationale laisse à désirer car la raison principale de sa dynamique semble être la revente des joueurs. Coton Sports FC donne la nette impression de n'être animé que par cet aspect, par le business. L'administration n'aurait envie que de remplir les poches de ceux qui font sa promotion et ici, le président de la fédération est fortement soupçonné, tout comme le coach actuel des Lions Indomptables.
Du coup, la suite logique est que cette frilosité du club leader déteint sur l'ensemble des clubs engagés en compétition. L'esprit conquérant n'y est généralement plus car aucune impulsion ne vient de la tête, d'une locomotive dépassée pour un football qui se consume au fil du temps.
La gestion catastrophique des Lions Indomptables
Depuis 2007 on aura beau crier, mais le chien aboie et la caravane passe. Au mépris du peuple, au mépris de la patrie et de l'histoire des Lions Indomptables. Après le départ d'Otto Pfister à la barre de la sélection nationale, il y a eu l'arrivée d'un collège d'entraîneurs. Le remake d'une invention brouillonne qui nous a situés sur la capacité créative de nos dirigeants.
À coups de tâtonnements, les carences connues se sont confirmées : les Lions n'avaient pas d'adversaires pour les matchs amicaux en date FIFA sans que cela ne dérange personne à Tsinga. Un des nombreux points de détail qui, en somme, ont creusé le fossé de notre progrès.
Sur le plan des résultats, une seule finale continentale disputée depuis 10 ans et perdue contre l'Égypte en 2008 dans des circonstances tragiques. Une absence en Coupe du monde 2006 en Allemagne, l'élimination prématurée en poule au Mondial 2002 Corée/Japon alors que nous disposions d'une équipe capable de passer le premier tour.
La faute encore à une organisation calamiteuse, une grève avant la compétition pour cause de prime, une arrivée chaotique en Corée, des contrats régionaux insignifiants dans le but d'économiser des sommes destinées au bien être des joueurs. Bref, un foutoir organisé par la Fédération camerounaise de football pour un résultat sans appel et une chute on ne se relèvera jamais.
Et puis vint l'ère Eto'o et le cas Leguen. Rappelons ici qu'une fédération doit avoir sa personnalité, son autorité, ses principes. Celle du Cameroun en a manqué à un moment clé de son histoire. Une situation affreuse alourdie par une insuffisance trop marquante de régulateurs après les départs de Foé, tragiquement décédé en 2003, et Mboma après Tunisie 2004.
Comment oublier également l'épisode Wome Nlend coupable d'avoir manqué un penalty face à l'Égypte et qui a précipité les Lions Indomptables vers la division, sans que le président de la fédération ne se donne les moyens de rassembler.
Il était trop facile pour tous de faire porter l'échec à un homme, au lieu de vivre en semble les défaites comme le font les grandes nations. Pierre Wome Nlend a été sacrifié et en laissant Samuel Eto'o faire ses observations, la Fécafoot a planté la haine dans la tanière. Presque tout a été accordé et toléré à Samuel Eto'o, au point de manquer de recul lorsque les tensions sont survenues avec les entraineurs et ses coéquipiers.
Face à une opinion nationale de plus en plus lapidaire, le président et les autres responsables ont noyé le poisson et laissé la place aux conflits qui ont pourri la tanière, ne faisant valoir aucune anticipation à la mise en place d'un règlement intérieur, jusqu'à la bourde Leguen à qui il a laissé le droit de nommer contre tradition le capitaine des Lions Indomptables.
Mais ce qui plombera les Lions encore plus, c'est la mise à l'écart de la cellule des anciens qui participaient à la réflexion et à l'encadrement dans la tanière. Cela a provoqué la levée de barrières morales et entre autres conneries, les hôtels des joueurs étaient devenus des espaces roses et de certains trafics. Un laxisme qui a condamné le Cameroun à la médiocrité que nous vivons aujourd'hui.
Le complot contre Samuel Eto'o au Mondial 2010
A la sortie de la Coupe du monde sud-africaine, on pensait avoir touché le fond en terminant la compétition avec un compteur portant zéro point. Du jamais vu dans l'histoire de notre football dont s'en sont foutus les uns et les autres avec particulièrement, une absence de débriefing de la part des dirigeants fédéraux. Une attitude qui a montré combien leur connaissance des vérités du football moderne et de la gestion de groupe est incomplète.
Jouant de ruse afin de minimiser la vindicte populaire, ils ont mis la cause de l'échec sur une poignée de joueurs désignés comme bannis. Il était pourtant facile de comprendre que cette position n'était qu'une façon de divertir les Camerounais en créant le scénario du complot contre le capitaine sans aucune audition ni justice. Une stratégie de manipulation maitrisée qui divise pour mieux régner, une fuite des responsabilités tant jamais la fédération n'a eu à expliquer l'échec aux Camerounais.
En réalité, la gestion de notre football s'opère depuis des années sans ligne directrice, à coups de réaction. Le football camerounais n'a pas de programme, c'est triste à dire, mais tant que Iya Mohamed en aura la charge à travers la Fécafoot, nous sommes au regret de dire que rien ne changera. Pourtant, M. le président, il n'y a pas de honte à constater publiquement son échec et d'en tirer les conséquences.
Combien de conférence de presse Iya Mohammed a-t-il tenu depuis la Coupe du monde 2010 et après la non qualification à la CAN 2012 ? Monsieur Iya Mohammed a-t-il expliqué au Cameroun ce qu'il envisageait pour relancer les lions, le championnat et le football national ? Quel était son projet et son plan d'action ?
Nous répondrons non et pour preuve, alors que le Cameroun dispose d'un processus de nomination d'entraîneurs bien connu, il a jugé utile, bravant ce dispositif, de remplacer Javier Clemente par l'ancien entraineur de Coton Sport FC, Denis Lavagne.
Diantre ! Face à un tel bilan, devons nous laisser le gestionnaire Iya Mohammed à la tête du football national ?
Malheureusement, la vie des présidents des associations représentatives au sein des grandes confédérations mondiales est protégée par un dispositif qui évite toute ingérence. Les couvertures sont ainsi étanches et cela permet à des responsables de tuer à petit feu une discipline qui leur est confiée par l'incompétence comme c'est le cas pour le Cameroun.
En dehors des règlements en place, l'une des solutions qui restent à nos pays est celle d'une reforme des associations nationales au plan statutaire et pour ce coup, les associations internationales et autres confédérations n'y pourront rien. Il s'agirait simplement d'y inscrire la limitation du mandat des équipes dirigeantes à 2 uniquement pour obtenir un agrément administratif.
Un tel dispositif réduirait les fractures et accentuerait l'idée de travailler pour le développement réel du sport avec à la sortie, une enquête sur les résultats tant sportifs que financiers. On pourra alors avoir une meilleure visibilité du projet de chaque équipe postulant à la gestion du football national. C'est de notre part à l'application d'un peu plus de démocratie véritable.
Daniel Nsongo
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Commentaires
faire bouger les choses mais il faut déjà qu ils marchent eux même dans la même direction.
si ils sont dans la même synergie je ne pense pas que le président de la fecafoot puisse résister il partira.