L'insondable et insoutenable blues des sélectionneurs
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05 Février 2012
● Devenu chroniqueur au nouvel Huffington Post d'Anne Sainclair, l'ancien sélectionneur de l'équipe de France reste un observateur assidu de la scène footballistique mondiale. Témoin cette livraison dans laquelle il prend la défense du sport-roi en Afrique.
© Ouest France
Alors cette Coupe d'Afrique des Nations a-t-elle une vraie raison d'exister ?
Si l'on en croît les clubs européens, de l'entraîneur au dirigeant, elle serait plutôt gênante. Car mal placée à une période qui n'arrange pas les recruteurs payeurs. A la différence des compétitions internationales européennes et même sud-américaines, le calendrier n'est pas aménagé pour la compétition africaine.
Et il faut bien constater : la période janvier-février est cruciale. On dit même que les clubs FONT leur championnat à ce moment là.
Nous recrutons, très jeunes, les meilleurs footballeurs Africains. Nous les formons. Mais ils gardent leurs racines. Il ne manquerait plus que nous leur contestions le droit à aimer leur maillot, fut-il celui d'un pays africain.
Cette situation me rappelle les paroles d'un dirigeant du football français quand j'étais sélectionneur des espoirs français. Cette fois au sujet de la participation au JO.
"Les Jeux olympiques sont une catastrophe pour les clubs français, une élimination ne serait pas un problème au contraire", ça soulage de la pression au moins ! En effet les JO se déroulent en aout et même parfois à cheval sur septembre et c'est la période du début de saison des grands championnats. Perdre 1, 2 voire 3 joueurs de talent à ce moment de l'année n'est pas une bonne nouvelle.
C'est oublier un peu vite que leurs joueurs sont "valorisés" par les sélections et la compétition. Les clubs en bénéficient directement en transférant les Internationaux à bons prix. Là on les entend moins se plaindre.
Alors pour minimiser les effets on cherche des solutions "européennes". Qui a dit à relent colonialiste ?
Pourquoi jouer en janvier, disent les européens ? Réponse, parce qu'il fait trop chaud en juin-juillet. Vrai, imparable. Mais comment expliquer les matches de qualifications à cette même période. 1 point pour les Européens.
Si on décalait la CAN en juin, la concurrence avec le Championnat d'Europe serait fatale à la compétition africaine. Difficile d'imaginer les télés payer des droits pour une audience plus confidentielle encore.
Qui dit juin dit également une CAN tous les 4 ans au lieu de tous les 2 ans. La compétition africaine ne pourrait pas se disputer en même temps qua la Coupe du Monde.
Et là, bien que personne ne le dise, impossible pour des raisons économiques. La confédération africaine, homologue de notre UEFA, vit en grande partie grâce à cette compétition. Diviser la manne par 2 ne semble pas un projet d'actualité.
L'Afrique veut développer le football sur son continent et par l'impact de l'évènement améliorer les infrastructures des pays organisateurs. Personne en Europe ne peut en contester la légitimité. C'est cet argument qui a été utilisée pour justifier le choix de l'Ukraine et de la Pologne pour l'Euro de l'été prochain.
Pourtant au niveau sportif cela reste une aberration. Les Africains l'ont d'ailleurs compris puisqu'ils ont décalé la CAN pour la jouer les années impaires. Ils évitent ainsi de jouer les années de Coupe du Monde en janvier-février, pour se laisser une chance de gagner un jour le titre suprême. Ce qui était sportivement impossible avec l'ancien calendrier.
Dernière pirouette de l'histoire. Au grand dam des clubs mais pour mon plus grand plaisir, la CAN revient dés l'année prochaine. Il faut bien passer aux années impaires.
© Le Huffington Post
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