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● On n'en revient toujours pas. Après avoir considérablement usé ses cartouches en raison de ses sempiternelles absurdités, la sélection nationale du Cameroun aura offert à ses admirateurs, en guise de préparation de la rencontre contre le Sénégal, une pitoyable danse du ventre dont elle est la seule à détenir le secret. Le final aura, semble- t-il, été dramatique cette fois, puisque des fans auraient péri suite à un mouvement d'humeur.

Émergence d'une étoile et décadence d'un collectif - deux forces aux intérêts opposées

Sans conteste le footballeur camerounais à la carrière la plus accomplie sur le plan financier et sportif, l'étoile de Douala aura inversement été le leader, de l'histoire des Lions, le moins décisif en termes d'efficacité. Ses derniers accomplissements en la matière remontent à près d'une décennie. Si personne ne s'aviserait à contester son rôle dans ces victoires, il serait un peu léger de lui en attribuer la paternité.

Ailleurs, sa frénésie du micro donnera régulièrement lieu à un cortège de dérapages. Sa communication, au lieu de le « booster », se révèlera plutôt un sérieux vecteur de pression que ses épaules peineront à supporter sur les terres de Mfandena. Il fera une série de promesses de performances jamais accomplies du fait, semble-t-il, du « piètre » niveau de ses coéquipiers. Ces derniers n'étant alors que de modeste « baroudeurs » au talent limité.

Selon ses propos, son pays ne serait pas préparé à avoir un génie de son calibre. Les différents leaders - Mboma, Foé, Song - côtoyés au début de sa carrière n'auraient été que d'authentiques « plaisantins » et leurs valeureux prédécesseurs - Mbappe Léppé, Milla, Abéga - de charmants « clowns ». Une carrière mieux « négociée » que celles de ses pairs en ferait il le meilleur footballeur camerounais de tous les temps ? Permettez-moi d'en douter.

Au cours de la rencontre contre le Sénégal, la super star aura permis à son pays de s'installer solidement dans le concert des sélections burlesques. En mondovision, d'un geste digne de rencontre entre sélection au raffinement mince, il conteste un choix du sélectionneur de son équipe, preuve qu'il en est le véritable patron. Il devrait en assumer les performances. A quoi servirait-il de payer à prix d'or un coach si on peut en avoir un - offert - dans le onze national?

Et si le football offrait une multitude de compétences

Après de plates excuses à « son » peuple à la suite de l'échec du pénalty généreusement offert par l'arbitre, lors du match contre le Sénégal, le détenteur autoproclamé de l'auréole nationale se lance dans une analyse sociologique du pays et pointe ses grandes carences : mentalités infâmes, corruption sombre pour ne citer que celles là. Il me semblerait ardu de voir les éducateur de ce pays lui confier la formation des masses et l'émancipation des mentalités de ses compatriotes.

Talentueux footballeur mué en maitre ès gestion, il n'hésite pas à égratigner les dirigeants du football en révélant leur incompétence tout en leur offrant son « expertise » en matière d'administration des affaires. Il ne m'apparaitrait pas insensé de penser que le pays n'attend pas que les insuffisances des dirigeants du football soient comblées par cet « Hercule » des temps modernes. Même s'il en avait les aptitudes, elles restent à prouver. À chacun sa place !

Au passage, il révèle dans l'environnement des Lions la présence de pickpocket masqué, depuis de nombreuses années, de ses émoluments. L'argent destiné à ses primes aurait pris une direction suspecte. Pourquoi avoir attendu toutes ces années pour en parler ? Pourquoi une confidence aussi importante après un pénalty raté ? Ce silence coupable n'aurait il pas plutôt été une manière de tenir en laisse ce ou ces « braves » voleurs ? Nous accuserait-on d'esprit tordu si nous pensions qu'au meilleur des cas, que ce joueur aura été un complice passif sinon manipulateur actif.
Avec la « classe » qu'on lui connait, le « Hercule » national fait un bruyant rappel de son apport financier pour la qualification des Lions au mondial Sud Africain. Se fourvoyant royalement, il semblerait oublier que ce que les Camerounais attendent principalement de lui, ce sont des buts et non le partage de sa fortune. Son argent a été gagné exclusivement par lui sans et pas par la nation tout entière. De ce point de vue, il ne lui doit pas grand-chose.

Son meilleur allié étant son talent, il gagnerait à se départir de toutes pressions liées à la gestion du football ou de la cité et de se concentrer sur son meilleur « agent de communication » : le jeu. Le peuple englué dans son quotidien fort laborieux, attend de son équipe du rêve et de son attaquant vedette des buts. Et après, seulement après, il lui bâtira probablement une stèle.
L'Occident a découvert un formidable joueur, mais le Cameroun attend toujours son génie.

Les atermoiements de gestionnaires du football

Malgré la lente agonie des Lions, confirmée en Afrique du Sud, les autorités successives du football se seront montrées incapables de trouver des solutions idoines aux dysfonctionnements de l'équipe. Pays phare du football africain et dans une moindre mesure mondial, le Cameroun ne dispose pas du moindre stade de football digne de ce nom. Les patrons sont plutôt occupés à créer de gadgets, très souvent farfelus, censés redresser le sport roi.

Les États généraux du football, dernière invention en date, ont engendrés une Ligue de football professionnelle. L'inexistence de stades conventionnels amènerait plutôt à parier sur la résistance physique de footballeurs aux aléas des aires de jeu truffées de pierres qu'à des matches de football de qualité. Finalement pourquoi ne pas essayer de faire tirer la charrue par les bœufs ? Cela pourrait marcher et le pays tiendrait peut être enfin une invention remarquable.

Alors que le Cameroun regorge d'entraîneurs de bon niveau, les responsables sembleraient enfermés dans une forme de vassalité les conduisant à recruter des sans-emploi occidentaux. Ces derniers finiront toujours par révéler le peu d'intérêts qu'ils ont pour « leur » sélection ou simplement leur incompétence. Malgré des salaires faramineux, le résultat est général connu d'avance : fiasco accompagné d'excuses médiocres.

Les calamiteuses expéditions angolaise et sud africaine, menée par un chroniqueur sportif français déguisé en entraîneur, seront platement justifiées pour la première par la préparation de la seconde et cette dernière par l'indiscipline de certains joueurs. Ils seront expulsés par des « barons » du football, confirmant par la même occasion le don de l'équipe au seul joueur qui en vaudrait onze. La sélection purifiée sera alors confiée à une illusion espagnole. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la suite ne surprendra personne.

En définitive faudrait-il éternellement bichonner un géant finalement aux pieds d'argile et continuellement maintenu artificiellement en vie ou simplement le laisser s'autodétruire ? Ne faudrait-il pas tout reconstruire à partir de zéro pour voir émerger une pousse qui grandira, avec des valeurs nouvelles, un esprit plus sain et une mentalité différente ? Vue sous cet angle, la superstar nationale a raison. Mais pour que ce renouveau soit efficace, il devra se faire sans lui.

Alain François Épée

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